Les offres d’emploi à destination des médecins quelle que soit leur spécialité foisonnent, que ce soit pour des remplacements, des postes temporaires ou encore des installations permanentes. Bien que ces opportunités d’emploi soient nombreuses, des pénuries persistent dans les zones les moins attractives occasionnant souvent de la concurrence entre les différents territoires. Car ces dernières années sont marquées par une crise de la démographie médicale ainsi que des changements dans les pratiques et dans les modes d’installation, notamment au sein des jeunes générations. Si bien que l’image du médecin libéral isolé dans son cabinet n’est plus forcément représentative.
Cette situation de pénurie médicale persiste alors même que le nombre de praticiens a augmenté de 9,9 % entre 2012 et 2025 d’après les données de la Drees (ministère de la Santé) qui constate que le nombre de médecins en activité est passé de 215 930 à 237 214 sur cette période. Parmi eux, on en compte 100 739 exerçant leur activité en libéral en 2025 contre 111 069 en 2012, soit une diminution de 9 % des effectifs. Une baisse encore plus marquée pour les généralistes libéraux puisque leurs effectifs ont chuté de 13 %.
Diversification de l’activité
Du fait de cette diminution des effectifs, l’exercice libéral exclusif n’est plus majoritaire chez les médecins et ne concerne plus que 42 % des professionnels en exercice en 2025 alors qu’il en représentait encore 51 % en 2012. La charge administrative, l’isolement ou encore la précarité des revenus en début de carrière détournent progressivement les médecins de l’exercice libéral pur. S’il reste cependant privilégié des médecins généralistes puisqu’ils représentent 55,8 % des professionnels en exercice, d’autres pratiques se développent. « Dans le cadre d’une pénurie, on a besoin de beaucoup de médecins, et il y a des activités plus attrayantes pour eux que celle de médecins traitants », constate le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes – CSMF.
De fait, l’activité des médecins en exercice tend à se diversifier afin d’assurer une meilleure stabilité professionnelle. Le salariat apparaît ainsi de plus en plus attractif pour les médecins quelle que soit la tranche d’âge puisqu’il représente 45 % des effectifs en 2025. Il offre également la possibilité pour les spécialistes d’acquérir de l’expérience avant de se lancer en libéral. « Exercer à l’hôpital et avoir des rôles de chef leur permet de s’installer par la suite en secteur 2, si bien qu’au bout d’un certain temps, ils préfèrent l’exercice libéral afin d’augmenter leurs revenus », observe Luc Duquesnel.
Dans le même temps, l’exercice mixte qui allie des activités libérales et salariées séduit de plus en plus de praticiens. Si bien qu’un médecin exerce en moyenne 1,6 activité en 2025 contre 1,2 en 2012.
Le vieillissement de la population et l’augmentation des maladies chroniques nécessitent un exercice pluriprofessionnel
Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes – CSMF
Trouver l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle
« L’exercice isolé a vocation à disparaître du fait du vieillissement de la population et de l’augmentation des maladies chroniques qui nécessitent un exercice pluriprofessionnel », prédit le docteur Duquesnel. La proximité entre différents professionnels comme les infirmiers de pratiques avancées, les kinésithérapeutes ou encore d’autres spécialistes favorise les échanges et l’exercice coordonné mais aussi rompt l’isolement et améliore la prise en charge des patients. C’est pourquoi l’exercice en groupe est favorisé par les jeunes médecins, soit dans des centres de santé, soit dans des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP).
Ces modèles offrent un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle auquel aspirent les jeunes médecins. Les maisons de santé favorisent aussi un ancrage des soignants sur leur territoire. Elles améliorent l’offre de soins et constituent une réponse pour lutter contre les déserts médicaux. Une étude de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) montre en effet que la présence d’une MSP sur un territoire a un effet positif sur l’attractivité aussi bien dans les espaces périurbains que dans les marges rurales.
De la même manière, les centres de santé pluriprofessionnels contribuent à lutter contre la désertification médicale dans les quartiers prioritaires et auprès des populations défavorisées.
Une réponse à la désertification médicale qui nécessite dans le même temps, selon le Dr Duquesnel, un changement d’échelle. Pour le président des Généralistes – CSMF, « la bonne maille de réflexion n’est pas la commune, mais a minima la communauté de communes, pour alimenter la réflexion sur les besoins de santé, de l’organisation des soins et des professionnels de santé nécessaires sur un territoire pour un exercice coordonné ».
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