Elle n’avait pas participé au dispositif Osys (orientation dans le système de soins), qui consiste à tester la prise en charge par des pharmaciens des « petits maux » à l'officine, un modèle critiqué par plusieurs syndicats de médecins. En revanche, après avoir mis en place les protocoles « angine » et « cystite » (désormais généralisés dans l’Hexagone), la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Ouest Gironde s’est engagée en 2025 – en partenariat avec un syndicat de pharmaciens (Uspo) – dans une autre expérimentation de délégations de tâches concernant cette fois la rhinite et la rhino- conjonctivite allergique. Un véritable « parcours de soins officinal », présenté comme une solution « simple, rapide et sûre ».
Cette expérimentation girondine mobilise médecins et pharmaciens du secteur autour d’un arbre d’orientation clinique, validé par le Conseil national pharmaceutique (CNP). Elle est cadrée par un protocole de coopération avec délégation de tâches, lequel permet en pratique la dispensation par le pharmacien de médicaments aujourd’hui soumis à prescription médicale obligatoire (PMO). Parmi les objectifs avancés, « éviter des consultations médicales et libérer du temps aux médecins ».
Et les résultats présentés semblent au rendez-vous. Sur la période d’avril à septembre 2025, 115 patients ont été pris en charge au sein des sept pharmacies engagées. Aucune réorientation vers le médecin délégué ou traitant n’a été nécessaire et « aucun incident notable ni effet indésirable » n’ont été remontés. En moyenne, 1,5 produit de statut « PMO » a été dispensé pour chacun des actes. Des produits conseils (qui ne sont pas remboursés) en plus des médicaments dispensés sur ordonnance ont été délivrés dans 18 % des cas.
Concrètement, lorsque le patient se présente au comptoir avec des symptômes évocateurs de rhinite ou de la rhinoconjonctivite allergique, « le pharmacien évalue son état, regarde son dossier patient avec son consentement et lui délivre ses conseils », explique la pharmacienne Christine Cauchetier, qui exerce en officine au sein de la CPTS et a contribué à la mise en place du protocole. Au besoin, explique-t-elle, « le pharmacien prescrit au patient un traitement adéquat, pour une durée de 30 jours, qui peut aller des antihistaminiques aux collyres ou encore aux sprays nasaux anticorticoïdes ». L’ordonnance du pharmacien se fait en délégation du médecin qui la cosigne, ouvrant droit à son remboursement par l’Assurance-maladie.
“Nous avons beaucoup de demandes aux comptoirs de nos pharmacies, surtout en saison pollinique
Christine Cauchetier, pharmacienne
« Cette expérimentation répond à un vrai besoin : nous avons beaucoup de demandes aux comptoirs de nos pharmacies, surtout en saison pollinique », justifie Christine Cauchetier, qui précise que les officines ont informé leurs patients via des petites affiches collées dans leurs locaux.
Déjà opposé hier au dispositif Osys lancé dans des officines bretonnes avant son extension, le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, observe d’un œil méfiant cette nouvelle expérimentation de délégations, même s’il salue le fait que médecins et pharmaciens de terrain s’accordent autour d’un protocole, ce qui est le cas ici. En revanche, le généraliste mayennais met en garde contre une vision simpliste de ces maladies allergiques. « Il peut s’agir d’une rhinite surinfectée ou d’une sinusite… Les cas cliniques ne sont pas noirs ou blancs en termes de prise en charge ! », insiste-t-il.
Dans un communiqué, le collectif Parcours de soins officinal (PSO), composé du Leem (entreprises du médicament), de NèreS (industriels de l’automédication) et de l’Uspo, rapporte que « les pharmaciens ont été satisfaits par ce protocole qu’ils ont trouvé facile à mettre en place et qu’ils ont perçu comme un vrai bénéfice dans leur pratique quotidienne en termes de service médical rendu ». Pour eux, ces résultats positifs montrent que « le pharmacien constitue une porte d’entrée efficace dans le système de santé », au service d’un « parcours de soins fluide et sécurisé ». De quoi nourrir les querelles de frontière entre généralistes et officinaux.
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