L’expérimentation dans 13 départements* du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus a permis d’augmenter significativement le nombre de femmes dépistées par frottis. C’est ce qu’indique Santé Publique France. L’Agence vient en effet de mettre en ligne un rapport d’évaluation définitif concernant ces départements pilotes qui confirme les données préliminaires positives mises en évidence dès 2014. Entre 2010 et 2014, ce programme a ciblé 2,4 millions de femmes entre 25 et 65 ans (soit 13,4% de la population totale concernée) : des personnes qui avaient toutes pour caractéristiques de ne pas s’être fait dépister individuellement et qui ont été invitées une première fois, puis le cas échéant relancées.
En terme de recours au dépistage, le gain est appréciable : dans l’ensemble des secteurs concernés, le taux de frottis est de 62,3% « avec une part attribuable aux incitations estimé à au moins 10,8 points », observent les experts. Pour autant, les disparités territoriales sont importantes entre les zones testées. Ainsi, le Cher atteint-il un taux de dépistage sur trois ans de 51,3% alors que la couverture spontanée n’était au départ que de 26,7% : pour ce département, l’expérimentation a donc presque doublé le taux de dépistage.
Au final, « les incitations ont permis de faire entrer au total dans le dépistage près de 231 000 femmes et les relances 40 000 supplémentaires », relève Santé Publique France. « Ce gain n’est pas négligeable, puisque le dépistage organisé s’adresse uniquement aux femmes peu ou pas dépistées et se sentant peu concernées par les dépistages », soulignent les auteurs du rapport.
5 180 lésions précancéreuses et 323 cancers invasifs
Au plan histologique, l'ensemble des résultats de frottis ont été pris en compte, qu'il soit lié au dépistage organisé ou individuel. Et les résultats plaident aussi pour un dépistage de masse. 5 180 lésions précancéreuses et 323 cancers invasifs ont été ainsi découverts au cours du programme. Le rapport met en évidence « le poids important des lésions précancéreuses (…) par rapport aux cancers ». Et l’antériorité du programme de dépistage modifie cette répartition, avec des rapports entre taux allant de 24,4 en Alsace à 8,8 en Isère : « ce résultat tend à montrer que l’organisation, selon des modalités mises en place en Alsace depuis de nombreuses années produit l’effet attendu, à savoir une diminution du poids de la pathologie cancéreuse au profit de la pathologie précancéreuse, » analysent les auteurs. De même, si l’on ne s’intéresse qu’aux cancers invasifs dépistés, la proportion de cancers micro-invasifs apparaît nettement supérieure en Alsace (48,2%) - région pilote depuis le début des années 90 - par rapport aux autres départements.
Les conclusions de ce rapport plaident évidemment pour une généralisation du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus au plan national, d’ailleurs déjà décidée par le plan cancer 2014-2019 et qui devrait se mettre en place à partir de 2018. Un objectif d'autant plus important à mettre en oeuvre qu'il s'agit du seul cancer dont la mortalité est en augmentation et que la ROSP (Rémunération sur Objectifs de Santé Publique) n'a donné aucun résultat : ce dispositif, après quatre ans de fonctionnement, n’étant pas parvenu à faire décoller les indicateurs de dépistage.
*Départements concernés par l’expérimentation : Haut-Rhin, Bas-Rhin, Allier, Haute-Loire, Cantal, Puy-de-Dôme, Cher, Indre-et-Loire, Val de Marne, Maine et Loire, Isère, Martinique et Réunion
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation