L’accélération des résultats cliniques et des ATU/AMM des nouvelles molécules, les antiviraux d’action directe (AAD), a rendu caduques en quelques mois les recommandations. L’AFEF (Association Française pour l’Étude du Foie) publiera donc le 1er juin ses nouvelles recommandations, spécifiques à la France et adaptées au large choix thérapeutique. « Avec l’arrivée d’AAD, c’est la première fois qu’un traitement médical s’affirme capable d’éradiquer une maladie chronique », se félicite le Pr Victor de Ledinghen (secrétaire général de l’AFEF, CHU de Bordeaux). Les combinaisons d’associations de deux AAD, choisies en fonction du génotype du VHC, permettent maintenant en trois mois, parfois six, d’obtenir la guérison chez plus de 95 % des patients avec une tolérance bien meilleure.
La France au premier rang
L’EASL (European Association for the Study of the Liver) vient de publier ses recommandations sur la prise en charge de l’hépatite C, valables pour tous les pays européens qui ne disposent pas tous des mêmes molécules. « La France est cette fois en avance, puisque nous sommes le seul pays à pouvoir désormais prescrire sept molécules dans l’hépatite C et bientôt neuf », se félicite le Pr de Ledinghen. La Haute Autorité de santé avait émis il y a un an des recommandations basées sur des études assez anciennes ne prenant en compte que trois des récentes molécules antivirales. Elle devrait les mettre à jour à partir du rapport produit par l’AFEF, mais, en attendant, il était urgent d’établir de nouvelles stratégies basées sur les données les plus récentes et incluant les deux nouveaux AAD qui seront disponibles d’ici à fin 2015.
Par rapport aux recommandations précédentes où les AAD étaient essentiellement réservés aux fibroses hépatiques sévères, aux co-infections à VIH ou aux atteintes extra-hépatiques, l’AFEF préconise de traiter les patients atteints de fibrose dès le stade F2, les coinfections VIH ou VHB chez qui la maladie est plus sévère et plus évolutive, et les génotypes de type 3, quel que soit le degré de fibrose, ce type étant plus agressif et plus difficile à traiter. « Plus on tarde, plus l’efficacité du traitement diminue et il est inacceptable en 2015 de se contenter de 80/90 % de guérison dans l’hépatite C », insiste le Pr de Ledinghen. L’indication des AAD dans l’asthénie invalidante témoigne d’une nouvelle conception du traitement. Au lieu de se référer uniquement à des critères de fibrose, on se base aussi sur les PRO (Patient Reported Outcomes), soit l’évaluation par le patient lui-même de sa qualité de vie mais aussi de sa productivité au travail, un paramètre qui jusqu’ici n’était jamais pris en compte.
Guérir 15 000 malades par an
Or une personne guérie de l’hépatite C récupère rapidement sa qualité de vie mais aussi sa productivité au travail, un argument de poids face aux critères économiques qui bloquent actuellement l’élargissement des indications. Finalement, l’interféron n’a plus sa place en première intention et ne devrait plus être prescrit que dans les rares cas d’échecs thérapeutiques sous traitement par nouvelles molécules.
« Nous sommes conscients des enjeux économiques de ces traitements, mais nous estimons pouvoir guérir 15 000 malades par an. À ce rythme, nous espérons obtenir l’éradication de l’hépatite C en 2025. Mais pour cela, un énorme travail reste à faire pour la dépister et nous comptons sur les médecins généralistes pour stimuler le dépistage en population générale », conclut le spécialiste.
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