Les fongémies associées à l’injection de drogues ont une présentation particulière, et souvent avec des espèces de levures autres que Candida albicans, ce qui demande d’adapter la prise en charge. C’est la conclusion d’une étude française recensant l’ensemble des infections fongiques signalées en France entre 2012 et 2022, à savoir 9 549, dont 1,9 % était associé à l’usage de drogues injectables. Les résultats sont présentés dans le Lancet Regional Health – Europe.
Les patients touchés par les infections fongiques liées à l’usage de drogues injectables sont plus jeunes que les autres (45 ans en médiane contre 66) et ont une probabilité plus faible d’avoir les facteurs de risque habituellement associés aux fongémies. Plus précisément, ils sont moins à risque de tumeurs solides ou hématologiques (13,8 % contre 49,5 %) ou d’antécédents chirurgicaux récents (24,3 % contre 37,3 %). Leur risque d’être séropositifs au VIH est près de quatre fois plus élevé (12,3 % contre 3,6 %).
Comparées aux infections fongiques « classiques », celles liées à l’injection de drogues présentent un tableau clinique particulier : le risque d’avoir une infection profonde était accru (de 14,5 % contre 3,4 %) et les patients souffrent plus souvent d’épisodes infectieux récurrents (20,8 % contre 4 %). Les chercheurs ont aussi constaté un surrisque d’atteintes d’organes cibles. Notamment, les patients avaient une probabilité plus élevée d’avoir une valve cardiaque prothétique (20,8 % contre 4,7 %). De plus, 28 % des personnes avec une endocardite durant la période d’étude avaient des antécédents de fongémies associées à l’injection de drogues. Malgré ces risques élevés de morbidité, la mortalité à 30 et 90 jours était moins élevée que pour les cas « classiques ».
Des espèces de levure particulières
Si la levure Candida albicans est sur l’ensemble des cas de fongémies la plus fréquente (47,3 %), elle est bien moins présente pour les infections liées aux injections de drogues (30,1 % contre 47,6 %) et est souvent associée à des infections pluripathogènes (13,1 % contre 4,3 %). On retrouve notamment Meyerozyma guilliermondii dans 6 % des cas (contre 0,5 %). Les chercheurs ont aussi identifié une nouvelle association entre les fongémies liées aux drogues injectables et l’espèce Wickerhamomyces anomalus, présente dans 5,5 % des cas (contre 0,5 %).
Ces fongémies particulières étaient plus à même d’être traitées avec des thérapies antifongiques combinées (9,2 % contre 2,4 %). Ainsi, les auteurs de l’étude appellent à accorder une vigilance particulière aux complications des organes cibles, considérer les espèces autres que Candida albicans et adopter des stratégies pour prévenir les récurrences.
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