L’équipe de Nîmes, à l’initiative d’une étude pilote sur la psychothérapie assistée par psychédélique, publie ses premiers résultats dans la revue Addiction. La psychothérapie assistée par psilocybine chez des patients récemment sevrés souffrant de troubles de l’usage d’alcool (AUD) et de dépression comorbide, se révèle faisable et bénéfique, à la fois sur l’abstinence et les symptômes dépressifs. De surcroît, le protocole de soins n’a observé que quelques effets indésirables mineurs. L’étude est menée au sein d’un programme de soins intensifs en addictologie du CHU de Nîmes.
« Ces résultats, bien que préliminaires, renforcent l’intérêt croissant de la communauté scientifique pour les psychédéliques encadrés dans le traitement des addictions. Ils ouvrent la voie à des recherches à plus grande échelle pour mieux définir leur place dans l’arsenal thérapeutique face au trouble de l'usage de l'alcool, un problème de santé publique majeur souvent associé à la dépression », déclare la Pr Amandine Luquiens, médecin addictologue au CHU de Nîmes et pilote de l’étude, dans un communiqué du CHU de Nîmes.
En Europe, des essais évaluent également l’usage de la psilocybine pour la prise en charge des dépressions résistantes, par exemple l’étude menée par la Dr Lucie Berkovitch au GHU Paris, l’étude COMP006.
Des taux d’abstinence significativement plus élevés
Cette étude contrôlée randomisée en double aveugle, PAD (Psilocybin in Alcohol Dependence), a inclus 30 patients adultes (âge moyen 49 ± 10 ans ; 43 % de femmes ; AUD sévère) sevrés depuis deux à huit semaines. Ils ont reçu deux séances de psilocybine à dose élevée (25 mg) ou très faible (1 mg, placebo actif), espacées de trois semaines, en complément de leur prise en charge habituelle (pour l’AUD et la dépression comorbide).
Les patients ayant reçu la dose élevée ont présenté des taux d’abstinence significativement plus élevés à 12 semaines (55 % contre 11 % dans le groupe placebo actif), une réduction plus importante des jours de consommation d’alcool (- 100 versus - 93), ainsi qu’une diminution des envies de consommer (- 8 vs + 7). Les symptômes dépressifs ont été réduits dans les deux groupes. Aucune différence d'efficacité n'a été observée en fonction de l'utilisation d'antidépresseurs en termes de consommation d'alcool et de dépression.
Si le protocole s’est révélé faisable et bien toléré dans un cadre hospitalier français, les auteurs rapportent quelques effets indésirables mineurs en proportion équivalente dans les deux bras et « un taux élevé de reconnaissance du groupe de traitement, phénomène classique dans les recherches sur les psychédéliques ». Ainsi, 93,3 % des patients ont deviné à quel bras ils appartenaient ainsi que 86,7 % des investigateurs ; quatre participants du groupe témoin ont refusé la seconde session après avoir deviné leur assignation.
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