Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) consacre un numéro entier sur la prévention du cancer du col de l’utérus et son optimisation. En 2018, le nombre de nouveaux cas de cancers était estimé à près de 3 000 avec 1 117 décès. Même si ces chiffres ne cessent de diminuer depuis 1990, ils baissent de façon beaucoup moins importante depuis 2005. Aussi était-il important de faire le point sur les différents outils de prévention (vaccination et dépistage) aujourd'hui disponibles.
Partant du constat que l’on peut faire beaucoup mieux en matière de dépistage (58,7 % de taux de couverture national sur 2015-2017) et de vaccination (23,7 % avec un schéma complet à 16 ans, en 2018), le BEH quantifie les marges de progression et les moyens pour y parvenir.
La mise en place au printemps du dépistage organisé du cancer du col utérin arrive à point nommé. En France, le taux de couverture national du dépistage triennal reste identique depuis plusieurs années, par ailleurs il existe de fortes disparités régionales, les taux de couverture sont les plus bas en Guadeloupe, Guyane, Martinique et Mayotte (< 50 %).
Le risque de mortalité en baisse de près de 40 %
Concernant la couverture vaccinale, le BEH pointe les déterminants socio-économiques. « Notre étude montre qu'il existe des inégalités sociales et territoriales d'accès à la vaccination HPV », souligne le BEH (Gardasil® 9 coûte 135,68 € et est remboursé à 65 %).
Par ailleurs, un travail de modélisation de l’Institut national du cancer (INCa) s’est intéressé aux bénéfices de santé additionnels apportés par le vaccin nonavalent. « Notre étude a porté sur une cohorte de 389 003 jeunes filles de 14 ans, explique le Dr Jean-Baptiste Méric, directeur du pôle Santé publique et soins de l’INCa, interviewé par legeneraliste.fr. En comparaison avec la situation actuelle, si chez elles le taux de couverture vaccinal atteignait 85 %, cela permettrait d’éviter a minima 2 456 conisations, 2 347 lésions précancéreuses CIN2/3, 377 cancers du col et 139 décès. » Autrement dit, ce travail montre qu’un taux de vaccination presque optimal sur cette cohorte permet de réduire le risque de mortalité de près de 40 %, le risque de lésions précancéreuses de 31 % et le risque de conisations de 26 %.
Des arguments forts en cabinet
Cette étude permet d’objectiver les pertes de chance liées au faible niveau de couverture vaccinale actuelle. « Un des objectifs de notre travail est de donner au médecin prescripteur du vaccin des arguments forts pour proposer une vaccination anti-HPV à chaque fois qu’il a dans son cabinet un parent ou une jeune fille de 11 ans », conclut le Dr Méric.
Une chose est certaine, en 2019, nos agences sanitaires sont focalisées sur le virus HPV et une meilleure prévention du cancer du col utérin. Après la mise en place du dépistage organisé du cancer du col utérin, puis en juillet les nouvelles recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) préconisant d’abord une recherche du HPV (à la place de l’analyse cytologique) pour ce dépistage dès 30 ans, on attend d’ici quelques semaines l’avis de la HAS sur la vaccination des jeunes garçons.
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