Le taux de mortalité - pour une grande majorité des causes de décès confondues - est minimal quand la température avoisine 20 °C. En revanche, au-dessus et en dessous de cette température, ce taux augmente suivant une relation en U. Concernant la mortalité liée aux suicides, une étude réalisée par une équipe de chercheurs français et publiée dans l'American Journal of Epidemiology aboutit en revanche à une conclusion bien différente. En effet, il apparaît que plus les températures augmentent, plus la mortalité liée au suicide augmente, et ce de façon quasi linéaire.
Une analyse faite sur plus de 24 millions de décès
Ce travail conduit par l'Inserm/CNRS/Université de Grenoble Alpes s'est appuyé sur l'analyse de 24,4 millions de décès sur une période de 49 ans, dont plus de 502 017 par suicide. Ces données proviennent du registre des causes médicales de décès de l’Inserm (CépiDc) qui dispose d’un recul permettant de remonter jusqu’à 1968. Les chercheurs ont analysé les liens entre le nombre de décès quotidiens dans chaque région, et les températures quotidiennes tout au long de la période d’observation. « L’approche ne concerne que les liens à court terme entre température et mortalité, et s’affranchit des tendances à long terme dans la mortalité ainsi que des variations géographiques dans la mortalité », souligne le communiqué de l'Inserm.
Même s'il y a déjà eu un certain nombre de publications sur ce sujet, l'originalité de ce travail est qu'il porte sur une longue durée. Par ailleurs, dans un contexte de changement climatique, cette étude cherche - entre autres - « à déterminer dans quelle mesure cette relation entre température et mortalité varie en fonction de la cause médicale du décès, pour quelles causes de décès l’effet des températures chaudes est le plus important », indique l'Inserm.
Le système nerveux plus sensible aux fortes chaleurs ?
Les résultats de ce travail montrent que parmi les 22 causes de décès analysées, presque toutes suivent cette relation en U, sauf la mortalité par suicide qui croit de façon constante avec la hausse des températures. Le suicide se classe au septième rang en matière de sensibilité à la chaleur. « L’association la plus forte a été trouvée avec la température le jour du décès (plutôt que celle des jours précédents), c’est-à-dire qu’il s’agit d’une association à très court terme », précisent les chercheurs. Parmi les 10 causes de décès les plus fortement liées à la chaleur, 4 impliquent le système nerveux (troubles mentaux et comportementaux, maladies du système nerveux, maladies cérébrovasculaires et suicide). Ce qui sous-tendrait une plus forte sensibilité du système nerveux aux températures élevées.
« Pour creuser ces résultats, il serait intéressant d’étudier des paramètres biologiques qui permettraient de comprendre les mécanismes sous-jacents permettant d’expliquer ce lien entre température et suicide », précise Rémy Slama, directeur de recherche et cosignataire de ce travail. « Les hypothèses existantes incluent au moins deux pistes non exclusives : d’une part une modification des relations sociales quand les températures sont très élevées, qui pourrait influencer un passage à un acte suicidaire ; d’autre part, sur le plan biologique, une altération du fonctionnement des systèmes endocriniens et nerveux en cas de grande chaleur, qui pourrait augmenter le risque de suicide. Des travaux indiquent notamment une tendance à la baisse des niveaux de l’hormone sérotonine quand la température est élevée. Or un niveau abaissé de sérotonine, neuromédiateur impliqué dans la régulation de l’humeur et de l’anxiété, pourrait être impliqué dans le passage à l’acte suicidaire ».
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