Après le cyclone qui a frappé La Réunion ce lundi en milieu d’après-midi, le CHU de La Réunion fait face à une situation tendue, comme d’autres établissements sur l’île.
Le cyclone était attendu de pied ferme par les services de l’État : préfecture, Météo France, agence régionale de santé (ARS) et bien sûr le CHU et les autres établissements de santé. « Cette anticipation a permis d’adapter très vite la logistique du CHU, en tenant compte du plan cyclone que nous avions bâti ensemble en décembre : mobilisation de deux équipes de paramédicaux en douze heures sur les sites du CHU en permanence pendant plusieurs jours, dialyses du lundi et du mardi avancées sur le dimanche, ou encore envoi de deux équipes Smur dans les cirques de Salazie et de Cilaos dès le vendredi alors que le cyclone était attendu dans la nuit de dimanche à lundi », explique le Pr Peter von Theobald, gynécologue-obstétricien et président de la commission médicale d’établissement du CHU de La Réunion.
L’anticipation concernait aussi la logistique, avec les repas pour quatre jours, la gestion des stocks d’eau, du linge nécessaire, des lits de camps pour le personnel et l’organisation des équipes techniques, doublées elles aussi, pour faire face aux dégâts récurrents quel que soit le cyclone (infiltrations, inondations et autres aléas, comme les coupures d’électricité). Simples exemples parmi d’autres, lundi, dans la matinée, il a fallu déménager en urgence quatre chambres de réanimation pédiatrique, inondées, au CHU, tandis que la Clinique des Orchidées (Groupe Clinifutur) a dû fermer un bloc opératoire pour les mêmes raisons.
7% de lits disponibles au CHU
Face à la dangerosité annoncée de Belal qui, selon le Pr von Theobald, ne laissait pas de doute sur la mise en place d’une alerte rouge (confinement de la population et des services de soin dès samedi 20 heures) et même violette (confinement général, dès lundi 6 heures), le CHU a donc organisé dès le vendredi 12 janvier, avec le soutien de l’ARS - alors qu’aucune restriction de circulation n’était encore à l’ordre du jour - un plan de sortie des patients hospitalisés afin de libérer des lits pour des patients en HAD et pour ceux adressés par leurs médecins traitants pour des soins infirmiers journaliers. En parallèle, six « centres de vie » avec groupes électrogènes ont été mis en place en ville pour accueillir les patients nécessitant une assistance électrique pour la continuité de leurs soins, afin de pallier les coupures d’électricité, qui ont en effet impacté 155 000 foyers.
Pendant l’alerte rouge, une vingtaine de patients ont été admis au CHU en service d’urgences et autant au centre hospitalier de l’ouest de La Réunion (CHOR). Malgré la déprogrammation de blocs, le CHU s’est vite retrouvé en tension capacitaire : « Sur 1 900 lits ouverts, il n’en restait plus que 127 disponibles lundi en début d’après-midi, dont 30 seulement en médecine et en chirurgie, le sud n’en comptant que cinq », ajoute le médecin. Des tensions capacitaires ont aussi concerné le CHOR, notamment pour sa chambre mortuaire, les corps ne pouvant être transportés par les pompes funèbres depuis samedi 20 heures.
L’alerte rouge sera toujours en vigueur ce mardi matin. « Nous attendons sa levée pour organiser la sortie de nombreux patients qui ne nécessitent plus d’hospitalisation, mais pour cela, il va nous falloir des ambulances et des transporteurs en suffisance », constate Lionel Calenge, directeur général du CHU qui s’attend à une sursollicitation des urgences une fois l’alerte levée et craint de ne pouvoir faire face à la demande.
Une relève difficile à organiser
Si Belal a finalement été moins dangereux que prévu, il n’en laisse pas moins de gros dégâts sur les routes et les cours d’eau. Tant que les routes ne sont pas sécurisées, l’alerte rouge reste en action ; une levée est néanmoins probable mardi dans la journée, l’aéroport devant rouvrir à 18 heures 30. Le CHU, comme les autres établissements de soins de l’île, doit donc anticiper la prochaine relève de ses équipes soignantes, logistiques et techniques. Mais pour cela, encore faut-il que les voies d’accès soient praticables; de nombreux soignants et agents habitent dans des zones rurales, où les éboulis et les radiers submergés interdiront pendant deux ou trois jours toute circulation.
Outre ces contraintes, se pose la question de la prise en compte par l’État du coût d’un cyclone pour les établissements hospitaliers. Entre réparations des bâtiments, heures supplémentaires et astreintes des médecins transformées en gardes, la facture sera lourde alors même que la déprogrammation inévitable des soins pendant quatre jours a occasionné une chute d’activité. Une question cruciale au vu du déficit des établissements hospitaliers réunionnais.
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