C’est sous le prisme de la santé des personnes LGBTI+ (lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, intersexuées) que Marseille a abordé la Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie du 17 mai. Une conférence qui fait écho au rapport du Défenseur des droits (DDD) intitulé « Prévenir les discriminations dans les parcours de soins : un enjeu d’égalité », publié le 6 mai et complété par un second texte, sur les transgenres, le 17 juin.
« En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, après une baisse constante chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) entre 2012 et 2021, l’incidence du VIH ne diminue plus au cours des deux dernières années, voire amorce une reprise », observe la chercheuse Annie Velter (Santé publique France) en présentant les derniers résultats de l’enquête Eras chez les HSH (1). Si l’utilisation de la Prep continue d’augmenter (passant de 5 à 27,5 % entre 2017 et 2023), « dans le même temps, on a une diminution significative de l’usage du préservatif. Le niveau de protection reste ainsi élevé (73 %) mais n’augmente pas, ce qui est une tendance nationale », précise Annie Velter. « La situation actuelle nous amène à lancer une enquête nationale afin d’évaluer l’appropriation de la prévention combinée (dépistage, traitement post-exposition, Prep, traitement comme prévention [Tasp], NDLR) », poursuit-elle.
Des risques accrus en santé mentale
Comme l’a rappelé Michel Bourelly, président de Vers Marseille sans sida, les personnes LGBT sont exposées à des risques accrus en matière de santé mentale. « Cette vulnérabilité n’est pas intrinsèque à leur identité mais bien aux discriminations, violences et marginalisations qu’elles subissent », explique-t-il.
« Parmi les 16 % de la population qui déclarent avoir subi, au cours des cinq dernières années, des traitements discriminatoires (18 % des femmes et 14 % des hommes), la prévalence des syndromes dépressifs est doublée par rapport au reste de la population, déclare la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) à la lumière de l’enquête EpiCov publiée le 4 juin. De même, les personnes qui se définissent homosexuelles ou bisexuelles sont près de deux fois plus fréquemment atteintes d’un syndrome dépressif que celles se définissant comme hétérosexuelles (16 % contre 9 %). »
« Les préjugés et la méconnaissance des besoins de santé spécifiques de ces populations par les professionnels de santé sont encore trop fréquents et conduisent à des stratégies d’évitement du soin, de non-dévoilement ou d’errance médicale », explique le sociologue Gabriel Girard, chercheur Inserm au Sesstim, qui a mené une enquête à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône entre le 14 mars et le 30 avril 2024 chez 535 personnes LGBTI+ (questionnaire en ligne et papier).
Dans cette enquête, alors que 70 % des répondants se déclarent « en bonne santé », ce n’est le cas que de 40 % des personnes transgenres. Sur le plan psychique, la situation est alarmante : seuls 36 % des répondants ont déclaré un bon état de santé mentale, ce chiffre tombant à 11 % chez les personnes transgenres.
Si 70 % des répondants ont consulté un médecin généraliste au cours des 12 derniers mois et 26 % un autre spécialiste, « ce lien à la santé et les professionnels de soins peut être “complexe”, voire “violent” », rapporte le chercheur, déplorant « préjugés », « intolérance » et « questions hyper-intrusives ». Plus d’un quart (27 %) affirment avoir subi des discriminations dans le milieu médical au cours des deux dernières années, un chiffre atteignant jusqu’à 57 % chez les personnes transgenres.
Pour des politiques inclusives
« Les personnes LGBT témoignent du manque de connaissance des professionnels de santé quant aux examens de prévention à réaliser (…), aux risques d’infections sexuellement transmissibles, aux douleurs lors des relations ou aux précautions à prendre lors de la prise d’un traitement », relève pour sa part le DDD. Ce manque de connaissances leur porte préjudice pour la santé sexuelle, mais aussi pour le dépistage de cancers dits « sexo-spécifiques ». Près de 33 % des hommes transgenres éviteraient les soins gynécologiques. À cela plusieurs raisons, liste le DDD : « la difficulté à vivre un examen gynécologique ne correspondant pas à son genre choisi, un manque de formation et de connaissance de la transidentité par ces praticiens ainsi que des propos et attitudes transphobes ».
Face aux besoins spécifiques et non couverts des personnes LGBT, il est de la responsabilité des institutions de promouvoir une santé équitable pour tous, « allant de la formation des professionnels de santé à l’adoption de politiques inclusives, en lien avec les associations », selon Michel Bourelly. « Des progrès importants ont été accomplis ces dernières décennies dans le domaine des droits et de la reconnaissance sociale des minorités sexuelles et de genre en France, mais nous ne sommes pas à l’abri de reculs, comme le démontre le contexte international », met en garde le chercheur Gabriel Girard.
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