EyeNetra, la correction oculaire à la portée de tous, utile ou futile ?

Publié le 28/12/2015

Crédit photo : DR

EyeNetra, une société américaine de la région de Boston, veut mettre les systèmes de correction oculaire à la portée de tous, y compris pour les 600 millions d’individus vivant dans les pays en voie de développement et n’ayant pas accès aux professionnels de santé oculaire. La société a mis au point une gamme d’appareils portables fonctionnant avec des smartphones classiques. Un essai a été mené en Inde avec EyeNetra G Mobile Visual Acuity Tester, qui permet de tester la myopie, l’hypermétropie, l’astigmatisme, la presbytie avec la même précision que les auto-réfracteurs utilisés par les ophtalmologistes.

Aujourd’hui, EyeNetra propose Netra, un appareil qui permet une automesure de la vue et de la distance interpupillaire grâce à un dispositif ultra-portable puisqu’il s’agit d’un tube en forme de corolle au fond duquel on place un smartphone. Et ce pour un prix allant de 1 100 dollars US (pour les appareils individuels) à 2 299 dollars pour les professionnels.

La société propose aussi Netrometer, Netropter  et la plate-forme Chazma qui permettent un complément d’analyse de la vision et sont utilisables par des professionnels. L’ensemble de ces dispositifs sont connectés à un smartphone, ce qui en simplifie l’utilisation et permet au spécialiste de la vision de se déplacer au plus près des populations qui en auraient besoin. 


L’avis de Cynthia Lions, orthoptiste, docteur en sciences cognitives.

L’utilisation des produits de la gamme EyeNetra est théoriquement possible pour tous. Néanmoins, sur le site Web, la société ne conseille pas l’utilisation de ses produits avant l’âge de 13 ans et après l’âge de 65 ans.

Trois produits sont actuellement proposés : Netra, un équivalent de l’autoréfractomètre, appareil que l’on retrouve en cabinet d’ophtalmologie, le Netrometer proche du frontofocomètre, appareil qui mesure les lunettes du patient qu’il porte déjà, et, enfin, le Netropter, un réfracteur, appareil permettant une analyse précise de la vision par la lecture de caractères.

Il est illusoire de penser qu’avec Netra il sera possible de s’autoprescrire des lunettes en achetant seulement le dispositif (qui reste relativement cher). En effet, ces appareils ne sont absolument pas du domaine public mais ils pourraient être utilisés par les orthoptistes, notamment dans les cas de protocole de télémédecine en collaboration avec des ophtalmologistes.

Actuellement, les orthoptistes peuvent travailler par télémédecine avec des médecins référents pour le dépistage de la rétinopathie diabétique par photographie du fond d’œil. On pourrait, grâce à ces appareils, compléter les photos du fond d’œil en réalisant un examen de la réfraction objective et subjective ; l’ensemble serait adressé à l’ophtalmologiste de référence pour avis. 


Utile ou futile ? 
Utile à moyen voire court terme, s’il est utilisé par des orthoptistes dans le cadre de protocoles de télémédecine avec les ophtalmologistes si les conditions réglementaires le permettent.


Dr Isabelle Catala

Source : lequotidiendumedecin.fr