Au début du XXe siècle, 40 % des Français étaient agriculteurs.
Ils ne sont plus que 2 % aujourd'hui. La numérisation de la santé va-t-elle engendrer le même phénomène dans les professions médicales ? Les experts de CHAM ont tenté de faire la part des choses entre les métiers voués à disparaître, ceux en devenir et ceux amenés à subir des mutations inéluctables.
À l'hôpital, du brancardier au comptable, les tâches automatisables sont les plus menacées par l'intelligence artificielle et la robotique. « Les métiers milieu de gamme vont s'éteindre à très court horizon, prophétise Jacqueline Hubert, directrice du CHU de Grenoble. Des robots reconstituent déjà des boîtes de stérilisation ou s'occupent des poches de chimio à la place des préparateurs ou des infirmières. »
Numérantins, corpcepteurs et andronanciers
Demain, les professionnels de santé seront épaulés d'algomédiceurs, ces concepteurs d'algorithmes pour l'aide à la décision. À l'hôpital, une aile sera réservée aux numérantins, nouveaux intermédiaires numériques entre les patients et le corps médical. L'immortalité ne sera plus une chimère, les corpcepteurs (créateurs d'organes de remplacement) y veilleront. Les andronanciers (pilote de drone-ambulance), eux, éviteront aux politiques de garantir un accès aux soins urgents en moins de 30 minutes, promesse obsolète.
Difficile de ne pas résister à cette vision de la médecine. Pour le consultant Mehdi el Alami, ces nouveaux métiers doivent être perçus avec confiance mais surtout avec sérieux. « Il faut se poser la question de la collaboration entre l'humain et la machine et de la responsabilité en cas d'accident. Cela dit, 40 % des métiers sont automatisables. Ça ne veut pas dire qu'ils le seront, n'oublions pas le filtre économique. » Capio a déjà pris le train en marche. Dans les cliniques du groupe suédois, des cadres de santé soignants sont requalifiés pour travailler dans des « cellules d'engineering » qui travaillent les données.
L'avenir des pharmaciens libéraux fait également débat. Pour l'économiste Nicolas Bouzou, il sera radieux si les officinaux ne s'en tiennent pas à « acheter et vendre du médicament ». « Nous avons la chance de ne pas avoir de désert pharmaceutique, argumente-t-il. Il faut donc médicaliser l'officine ».
Les cardiologues devront eux aussi accepter de voir leur métier muer. Dans 20 ans, Ils ne feront plus passer d'ECG à leurs patients. « Ils seront moins nombreux et leur spécialité sera probablement fondue dans un métier plus généraliste », prédit l'expert. Avant de relativiser, face au scepticisme d'une partie de la salle : « Rassurez-vous, il y aura toujours de nouvelles maladies ! »
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