Le verdict des experts mandatés par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne dans l’affaire Vincent Lambert est sévère. Son état traduit « une impotence fonctionnelle encéphalique totale non réversible » ont-ils tranché dans leur rapport daté du 18 novembre. L’état de Vincent Lambert, hospitalisé depuis 2008, est ainsi comparable à celui de 2014, date de la dernière expertise officielle, mais est jugé « susceptible de se dégrader ».
Le rapport des trois experts avait été requis comme préalable à un éventuel déclenchement d’une procédure d’arrêt des soins demandée par le CHU de Reims où Vincent Lambert est hospitalisé. Les parents de l’ancien infirmier psychiatrique de 42 ans, proches des milieux intégristes, ainsi qu'une partie de sa fratrie, refusent l’arrêt des soins demandé en avril dernier par le Dr Vincent Sanchez, troisième médecin de Vincent Lambert, à l'issue d’une quatrième procédure collégiale.
S’appuyant sur les données accumulées pendant dix ans, les experts insistent : l’état de Vincent Lambert « lui interdit tout accès à la conscience de son être et de son environnement (…) le dépossède de tout ce qui constituait sa personnalité, lui interdit toute communication, le paralyse totalement, le rend totalement dépendant des soins, porte atteinte à son image ».
Les experts renvoient la balle au Tribunal
Dans leur rapport, les experts estiment que « la réponse aux besoins fondamentaux primaires (alimentation, hydratation, émonctoires, prévention cutanée, hygiène de base) ne relève pas (…) de l’acharnement thérapeutique ou d’une obstination déraisonnable ». Selon eux, « la condition médicale de Monsieur Lambert n’est pas unique, ne pose pas de difficultés de prise en charge dans notre pays, n’appelle aucune mesure d’urgence. Il existe en France des structures pouvant l’accueillir jusqu’à sa disparition si le maintien au CHU de Reims s’avérait impossible pour des raisons autres que relevant de la simple technique médicale ».
Les experts renvoient ainsi la balle au Tribunal auquel il appartiendra de « confirmer ou non que la situation médico-légale du patient puisse relever du champ d’application de cette loi [la loi Claeys-Léonetti sur la fin de vie, N.D.L.R.] ».
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