« Le cholestérol ? Un placement à forte rentabilité et garanti sans risque » ; « le cancer du sein, plus il est avancé, plus il est lucratif » ; « une leucémie, c'est en moyenne 20 000 % de marge brute » ; « 1 milliard d'euros de bénéfice, l'hépatite C on en vit très bien », « une épidémie de grippe en décembre, c'est le bonus de fin d'année qui tombe », etc. Médecins du Monde lance 12 affiches cyniques et choc pour dénoncer le prix des médicaments qualifié de « révoltant et d'exorbitant ».
MDM cite en exemple le sofosbuvir, dont « le traitement de 12 semaines est vendu 41 000 euros par patient alors qu'il ne coûterait que 100 euros à produire, selon une étude du chercheur Andrew Hill ». L'ONG épingle aussi les anticancéreux. « Le Glivec, un traitement contre la leucémie, est aujourd’hui vendu 40 000 euros par an et par patient pour un coût de production estimé à seulement 200 euros. Le Keytruda, un traitement contre le mélanome, est annoncé à un prix de 100 000 euros par an et par patient ». « De tels prix ne sont pas justifiés », dénonce l'ONG, accusant les laboratoires pharmaceutiques de faire des marges colossales sur le traitement des malades, tandis que la Sécurité sociale ne peut rembourser ces traitements.
« La mainmise de l’industrie pharmaceutique sur le système de la brevetabilité doit cesser. Les autorités laissent les laboratoires dicter leurs prix et abandonnent leur mission, celle de protéger la santé des populations. Il est maintenant temps que Marisol Touraine agisse en ce sens : ce n’est pas au marché de faire la loi, c’est à l’État » affirme le Dr Françoise Sivignon, présidente de Médecins du Monde.
Outre la baisse du prix des médicaments, MDM demande la transparence des coûts de recherche et de développement, et un modèle alternatif au brevet pour financer l'innovation thérapeutique.
La campagne « Le prix de la vie », qui s'est vu refusée par les réseaux traditionnels d'affichage (métro, abribus), s'accompagne aussi d'une pétition, adressée à la ministre de la Santé, qui lui demande « d’user de tous les moyens juridiques et politiques en votre pouvoir, afin de faire baisser drastiquement le prix des médicaments innovants ».
« Propagande mensongère », selon le LEEM
Les entreprises du médicament (LEEM) ont riposté en condamnant des « propos caricaturaux et outranciers, (...) injurieux pour les industriels et irrespectueux pour les millions de personnes qui se battent quotidiennement contre la maladie ».
Le LEEM a présenté un autre visage du secteur pharmaceutique, en faisant valoir que les dépenses de médicaments sont maîtrisées dans l'objectif national des dépenses d'assurance-maladie (ONDAM), et qu'elles participent aux économies prévues annuellement dans la loi de financement de la Sécurité sociale. Le chiffre d'affaires des entreprises du médicament a diminué sur les 5 dernières années, avance encore le LEEM. Sans compter que le médicament est « la plupart du temps la solution de santé la plus efficiente ».
Rappelant que les innovations thérapeutiques sont « une bonne nouvelle pour les patients », le LEEM justifie les prix élevés par le bénéfice thérapeutique, les coûts de recherches, la durée de mise au point (11,5 ans en moyenne), et les investissements futurs.
Le syndicat patronal propose, indépendamment des négociations en cours avec le CEPS, d'aligner la progression de l'enveloppe des médicaments remboursés au niveau de celui de l'ONDAM (+ 1,75 %) pour garantir l'accès aux nouveaux traitements sans grever les comptes de la branche maladies.
Ce n'est pas la première fois que le LEEM réagit à une campagne lancée par une association. En avril dernier, en réponse à la campagne de la ligue contre le prix des anticancéreux, le LEEM dénonçait l'instrumentalisation des « patients et leur entourage ». Les associations mobilisées pour l'accès universel aux nouveaux traitements contre l'hépatite C, ont, quant à elles, plusieurs fois demandé une renégociation des prix.
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