Dans son rapport « charges et produits » pour 2023, remis au gouvernement et au Parlement pour préparer le prochain budget de la Sécu (PLFSS), l'Assurance-maladie contient sa politique d'austérité, tout en demandant des efforts ciblés. Malgré un déficit post-Covid historique à 26 milliards d'euros (2021), elle table sur 1,2 milliard d'euros économies pour 2023, un montant en légère hausse comparé aux deux années précédentes.
Après avoir tiré les enseignements de la crise sanitaire, la Cnam a choisi cette année une méthode différente, en axant sa stratégie sur la prévention et en se projetant dans une perspective pluriannuelle. Elle prend aussi le parti d'une approche résolue par pathologies en mettant l'accent sur l'insuffisance cardiaque, le diabète et la santé mentale et vise ainsi une enveloppe de 136 millions d'euros d'économies. Autre axe, la stratégie dite « populationnelle » centrée sur la maternité et la petite enfance (25 millions attendus), période où se créent beaucoup d'inégalités de santé.
Le bloc habituel « efficience et pertinence » est le plus significatif puisqu'il représente 754 millions d'euros d'économies potentielles. Si la Cnam mise, là encore, sur une stratégie de prévention sur le long terme (prévention de l'obésité, couverture vaccinale, application Tabac info service), elle table aussi sur des économies directes dont 180 millions rien que pour la biologie médicale. L'Assurance-maladie a prévu d'entamer un cycle de négociations à la rentrée avec les représentants du secteur – qui a atteint des « niveaux de rentabilité élevés » (23 % en 2020) – afin de réguler activement leurs tarifs de façon pluriannuelle.
Sur le volet médicaments (149 millions espérés), les enjeux se situent surtout sur les biosimilaires et la lutte contre l'antibiorésistance. La Cnam entend accroître la pénétration des biosimilaires, promouvoir le bon usage de l'antibiothérapie mais aussi la dispensation adaptée (pansements, compléments nutritionnels oraux).

Concernant les efforts sur les actes médicaux (112 millions d'euros), la caisse envisage de relancer les travaux sur la pertinence des examens en imagerie médicale. Autre idée : améliorer la pertinence des prescriptions d'examens pré-anesthésiques pour les actes de chirurgie mineure. Côté indemnités journalières (IJ), poste toujours dynamique avec 13,8 milliards en 2021, un plan d'action sur la pertinence des arrêts de travail – notamment en santé mentale – est prévu, avec l'objectif de 74 millions d'euros. 94 millions sont par ailleurs attendus sur les transports.
Enfin, l'Assurance-maladie veut cette fois faire 300 millions d'euros d'économies via les contrôles et la lutte contre les fraudes, soit le double de l'an dernier et un quart des économies totales.
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