L’EXTRÊME GAUCHE règne en maître à Bagneux, une ville populaire (50 % de logement social) où Mélenchon a doublé son score national le 22 avril. La circonscription, qui comprend aussi Malakoff et Montrouge, passera-t-elle du rouge au rose ? C’est tout l’objectif de Julie Sommaruga, 36 ans, investie par le PS pour damer le pion à Marie-Hélène Amiable, la députée-maire communiste de Bagneux, en lice sous la bannière Front de gauche pour sa réélection.
Julie Sommaruga, adjointe à l’éducation à la mairie de Bagneux, organise des cafés débats pour se faire connaître. Ce soir-là, il est question de santé. Les affiches dans la rue ont drainé du monde, quelque 80 personnes, dont deux médecins. « Mes revenus ont diminué de moitié sous la droite, merci Madame Bachelot, soupire l’un d’eux, radiologue en secteur I. Je veux voir ce que le PS propose ».
Annoncé en renfort, le député socialiste Jean-Marie Le Guen, spécialiste des questions de santé, est en retard. Julie Sommaruga lance le débat : « Comment faire en sorte que les médecins aient les moyens de faire de la prévention, et pas seulement d’aligner les patients ? ». Et la candidate d’égrener les engagements de Hollande (encadrement des dépassements, rétablissement du service public hospitalier...), tout en prenant du champ : « On a besoin de députés pour aller chatouiller » l’exécutif.
Quelqu’un veut connaître l’avis de la candidate sur la fin de vie. « La position de François Hollande est encore frileuse à votre goût, mais on a fait un pas, répond-elle. Notre société doit évoluer. Je ferai certainement partie de ces députés qui essaieront qu’on aille plus loin ».
Un nœud papillon prend la parole. Chirurgien à l’hôpital de Nanterre, le Dr Laurent Elghozi s’en prend aux politiques passées : « L’idéologie libérale a envahi la santé ». Pas simple de captiver un auditoire non initié sur la question de la convergence tarifaire. « L’hôpital privé d’Antony et l’hôpital public Antoine Béclère sont soumis aux mêmes règles alors qu’ils n’ont pas les mêmes objectifs, illustre-t-il. Le privé choisit ce qui est rentable ». La chaleur fait perler les fronts, le café se transforme en étuve. Le chirurgien évoque la dégradation de l’espérance de vie, l’existence de quartiers entiers sans médecin à Nanterre. Et puis la survenue d’un « miracle », qu’il met sur le compte de l’élection de François Hollande : le Conseil national de l’ordre des médecins accepte d’en finir avec la liberté d’installation et la liberté tarifaire. « Deux révolutions en une! », expose-t-il à l’assistance médusée.
L’hôte de marque arrive enfin. Quelques bises, le micro change de main. Jean-Marie Le Guen reconnaît que l’encadrement des dépassements d’honoraires ne sera pas simple. « Mais il faut évidemment le faire. De même qu’il faut mettre à plat la question des mutuelles ». Le député parisien, interrogé sur le prix des médicaments, appelle chacun à ses responsabilités : « Nous consommons beaucoup trop de médicaments. Nous devons changer de culture ». Un homme prend la parole, sert du « Monsieur le ministre » à plusieurs reprises à Jean-Marie Le Guen, qui ne relève pas. Le député rappelle la conjoncture économique difficile. « Tout ne sera pas possible », mais l’accent, promet-il, sera mis sur la justice sociale et les services publics. Et de conclure : « Il faut une majorité claire pour François Hollande si on veut gouverner ».
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