LE QUOTIDIEN - Vous voulez réduire le nombre de médicaments disponibles. Certains prescripteurs craignent des coupes drastiques dans leur panoplie médicamenteuse. Pouvez-vous les rassurer ?
XAVIER BERTAND - Pourquoi y a-t-il des craintes dès que l’on annonce une réforme dans ce pays ?
Environ 19 000 AMM et plus de 10 000 médicaments commercialisés en France, n’est-ce pas trop ? Beaucoup de prescripteurs le disent, et je le pense également, nous consommons trop de médicaments en France. L’enjeu n’est pas de faire des coupes drastiques mais de changer le comportement vis-à-vis du médicament et de donner aux prescripteurs des outils plus fiables encore pour assurer leur mission. Je n’ai aucun objectif quantitatif, mais uniquement qualitatif : le bon usage du médicament. Cette réforme ne vise qu’à renforcer la sécurité et la qualité, elle n’est pas un élément du PLFSS, ni du respect de l’ONDAM.
La visite médicale va être très encadrée, et d’abord à l’hôpital où elle devra être collective, avec extension ultérieure à la ville. Comment allez-vous procéder en ville ?
Commencer par l’hôpital a du sens parce qu’il joue un rôle important en matière de prescription et que ces prescriptions ont un effet induit sur la médecine de ville. La visite collective à l’hôpital est possible tout de suite, car on est dans un cadre collectif, alors que l’exercice libéral est souvent isolé. L’idée de visiteurs médicaux qui soient des commerciaux, qui fassent de la promotion, me gêne. En revanche, s’il s’agit de délivrer une information médicale, c’est différent. Aujourd’hui, il faut apporter davantage de garanties, avec un contrôle des formations données aux VM, des documents des firmes, et de ceux qui sont transmis aux médecins. Pourquoi les industriels ne nous soumettraient-ils pas a priori des éléments sur la formation dispensée aux VM, sur les consignes et documents qui leur sont donnés, et sur ceux qu’ils remettent aux médecins ? Où serait le problème ? Il ne faut plus de confusion entre la promotion et l’information.
Pour financer le développement professionnel continu (DPC), vous voulez instaurer une taxe sur l’industrie pharmaceutique. Les médecins seront-ils aussi mis à contribution ?
Un mot d’abord sur les décrets DPC. Je les avais retenus parce que je voulais attendre la clôture des Assises, au cas où des propositions très différentes des miennes auraient été faites. Ce n’est pas le cas et les décrets vont être publiés dans les semaines qui viennent. Nous allons devoir organiser la formation continue d’une autre façon. Je veux que les fonds conventionnels et hospitaliers soient abondés. Pas par les professionnels de santé, mais au moyen d’un effort des industriels. Ce ne sera pas pour eux une charge nouvelle puisqu’ils versaient déjà d’eux-mêmes. Mais pour éviter les questions sur d’éventuels liens d’intérêts, il y aura désormais un prélèvement pour qu’on organise cette formation nous-mêmes.
Les médecins devront préciser sur l’ordonnance quand ils prescriront hors AMM. N’est-ce pas une contrainte supplémentaire ?
Ce ne sera pas le cas car on va les aider. Au moment où je m’engage dans la simplification administrative, je ne fais pas ça pour leur compliquer la vie. Il faut apporter aux médecins une garantie dans leur prescription. Plutôt que « NR », je préfère qu’on mette « hors AMM », c’est plus clair. Il faut aussi que la Haute Autorité de santé produise davantage de protocoles pour les aider. En revanche, si on avait supprimé complètement le hors AMM, ça aurait été une perte de chances pour les patients. Il n’en était pas question.
Comment allez-vous organiser la DPI systématique (déclaration publique d’intérêts) ?
Tout va être simplifié avec un seul formulaire téléchargeable sur internet qui n’aura rien à voir avec l’actuel : un formulaire unique pour tous les organismes de santé. Et l’implication du Conseil national de l’Ordre des médecins en matière de déontologie reste indispensable.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes