Ce n'est pas la première fois depuis le début de la crise sanitaire que les représentants des biologistes médicaux, libéraux et hospitaliers, ainsi que des internes en biologie médicale, sonnent l'alerte.
Après avoir mis en garde sur le manque de matériel (protections, réactifs, écouvillons), ils* sollicitent cette fois-ci — avec les Ordres des médecins et des pharmaciens — un entretien avec le ministre de la Santé Olivier Véran pour évoquer leurs préoccupations concernant la réalisation des tests de dépistage dits PCR et la mise en place des tests sérologiques pour la fin du confinement.
Alors que des voix s'élèvent face au faible nombre de tests réalisés par rapport à d'autres pays, les biologistes médicaux s'inquiètent d'un décret paru lundi 6 avril qui autorise les laboratoires départementaux vétérinaires et de recherche à réaliser les tests de dépistage.
Leur mobilisation est saluée, mais dans le même temps les biologistes médicaux jugent « indispensable » de réaliser eux-mêmes ces tests, après validation le plus rapidement possible de leur performance et de leurs limites, avec une interprétation des résultats au cas par cas, en lien avec la situation clinique des personnes testées et avec réalisation d’une sérothèque.
Soulignant un « manque de concertation » en amont de ces mesures, les biologistes médicaux précisent que leurs laboratoires — 4 000 sites répartis dans l'ensemble des régions — sont accrédités et équipés pour réaliser un grand nombre de tests, mais subissent une pénurie des réactifs et d’écouvillons de prélèvement, et que leurs équipes sont formées et compétentes pour assurer la fiabilité des tests effectués.
Éviter les erreurs stratégiques
Les biologistes s'inquiètent aussi des tests sérologiques, qui permettent de définir le statut immunitaire des patients vis-à-vis du SARS-CoV-2, et de la stratégie de déconfinement progressif de la population. « Ces tests pourraient avoir un rôle majeur pour permettre un déconfinement progressif de la population, protéger les soignants et limiter l’usage de ressources rares de protection à ceux qui en ont besoin », rappellent-ils.
Si les premiers tests sont commercialisés, les autorités sanitaires françaises, les sociétés savantes et les centres nationaux de référence n’ont pas encore validé la performance de ces tests et leur utilisation. Or, ces tests peuvent être sujets à des résultats « faux positifs » ou « faux négatifs » et un défaut de performance aurait « des conséquences graves dans une stratégie de dépistage », notamment une deuxième vague de contamination, mettent en garde les biologistes médicaux.
Ils plaident donc pour la mise en place d'une concertation urgente avec les autorités pour définir l’algorithme de déconfinement progressif en lien avec les tests sérologiques. « Les laboratoires de biologie médicale accrédités sont capables de répondre aux demandes de recherche d’immunité par sérologie à grande échelle. Les biologistes médicaux sont des experts du diagnostic biologique qu’il faut associer au processus décisionnel, sous peine de commettre des erreurs stratégiques », concluent-ils.
* Ordre national des médecins, Ordre national des pharmaciens, SJBM, SDB, SNMB-CHU, FNSPBHU, SNBH, SLBC, FNSIP-BM.
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