Dysfonctionnements et guérillas sans fin entre urologues ont signé le glas du service d'urologie du site nord du CHU de La Réunion. Sa fermeture est fixée au 1er juin. Pour assurer la permanence des soins, une convention de partenariat public-privé, signée entre le CHU et le Groupe Clinifutur, a été présentée, ce jeudi, par l'agence régionale de santé (ARS) de la Réunion.
Cette fermeture intervient suite à l'enquête approfondie de l'Inspection des affaires sociales (IGAS) autour des dysfonctionnements du service, dirigé depuis 2012 par un nouvel arrivant, nommé professeur des universités à cette occasion. Une série d'évènements indésirables graves, dont des opérations de dé-transplantations, par ailleurs peu ou pas remontés vers l'ARS comme la règle l'impose, avait ôté le droit au titulaire de la chaire d'accueillir des internes à partir de 2018.
Falsifications et noms d'oiseaux
Outre ses défaillances dans la gestion de la transplantation rénale, le chef de service d'alors ne semblait pas briller non plus par ses qualités managériales, selon les conclusions de l'IGAS. En effet, les membres du service avaient pour habitude de s'envoyer des noms d'oiseaux au vu et au su des patients, de traquer les failles supposées dans les pratiques chirurgicales des uns et des autres.
Le rapport de l'IGAS évoque aussi les « soupçons de falsifications de comptes rendus opératoires de la part d'une des quatre urologues », par ailleurs réputée pour « son incapacité à travailler en équipe », ce qui lui a d'ailleurs valu une convocation devant le Conseil Départemental de l'Ordre, à la demande de ses confrères pour « attitude non-déontologique ». L'IGAS reprochait également au chef de service « le détournement de l'analyse des dossiers de patients où des problèmes de pratiques ou d'organisation des soins étaient pointés, s'en servant pour déstabiliser ses collègues », et sa posture « dans un conflit constant avec la présidente de la commission médicale d'établissement, le Pr Frédérique Sauvat ».
En septembre 2018, la Direction générale du CHU avait pris des mesures musclées, retirant la chefferie de service au titulaire mais cette mesure n'a pas calmé les frondeurs. Le Pr Peter von Théobald, chef du service de gynécologie obstétrique et actuel Président de la CME, avait été appelé en renfort, reprenant la direction du pôle. En février 2021, l'IGAS jugeait la fermeture du service inévitable, une recommandation suivie par la direction générale du CHU qui a signé l'acte le 12 mai.
Participation des urologues libéraux
Afin d’assurer la continuité de la prise en charge des patients en toute sécurité, et après plusieurs semaines de concertation entre la direction du groupe Clinifutur, représentée par le Dr Mathyas Deleflie, les urologues libéraux et la DG du CHU de La Réunion assurée par Lionel Calenge, une convention de partenariat a été conclue le 12 mai 2021.
La coopération s'organise autour de trois axes majeurs : l'organisation et la sécurisation de la continuité et de la permanence des soins, la participation des urologues libéraux à l'activité de greffe rénale, appelée à s'intensifier dès 2022, et l'accès aux blocs opératoires et à la chirurgie robotique et laser des urologues libéraux sur le site du CHU. Ce partenariat permettra de maintenir 80 % du potentiel d'activité chirurgicale urologique actuelle du site nord.
Choix de la prise en charge
Les patients auront le choix de leur prise en charge sur le site nord ou le site sud du CHU, au Centre hospitalier de l'Ouest avec lequel Clinifutur est déjà sous convention, et les cliniques du groupe. La convention, conclue sans limitation de durée mais révocable à tout moment sous condition de préavis d'une durée d'un an, fait exemple de modèle « vertueux » : permanence des soins totale, coopération intensifiée et absence de compléments d'honoraires. De quoi calmer les syndicats et les représentants des usagers, vent debout contre ce qu'ils considèrent comme « la casse du service public » ?
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