LE QUOTIDIEN – Vous décrivez un dispositif de premier recours à bout de souffle. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Pr GUY VALLANCIEN – Le dispositif de médecine de proximité est relativement à bout de souffle parce qu’il est dispersé. Chaque généraliste est généralement dans son coin, et réalise un travail considérable mais solitaire. Ce dispositif ne répond plus aujourd’hui à la demande de la population qui veut aussi de la prévention sanitaire et de l’éducation thérapeutique. Une partie de la mission n’est donc pas vraiment bien remplie aujourd’hui parce que les acteurs n’y sont pas forcément formés et parce que les modes de rémunération ne sont pas adaptés. Il faut revoir le système. Et cela ne peut se faire qu’en revoyant l’organisation de la médecine générale en France.
Et cette nouvelle organisation passe selon vous par la multiplication des maisons de santé ?
Oui. Le mode efficient de la réorganisation des soins est la concentration des professionnels de santé sous le même toit dans des maisons ou des centres de santé. Cela permettra aux acteurs d’échanger les informations, ainsi que d’assurer la prise en charge globale des malades, sachant que si on réunit les professionnels dans ces lieux, cela n’empêche pas la création de cabinets secondaires, fixes ou mobiles, à destination des zones très isolées. Il y a 36 000 communes en France, il faut 3 600 maisons de santé, c’est-à-dire une pour dix communes. C’est une image bien sûr, parce que dans les villes c’est un peu différent. On sait que les clochers n’attirent plus beaucoup, demain ce seront les lumières des maisons de santé qui permettront aux citoyens de s’y retrouver.
Ce rapport liste un certain nombre de mesures volontaires. Ont-elles été élaborées avec les acteurs de terrain et les autorités de tutelle ?
Les propositions que nous faisons sont issues de l’écoute de tous les acteurs sanitaires que nous avons auditionnés. Elles viennent aussi de ce que les quatre auteurs ont appris eux-mêmes du terrain. Quant aux autorités, elles étaient demandeuses, donc elles ne nous ont rien imposé. Nous avons eu une liberté totale dans la rédaction de ce rapport, sachant qu’il fallait être innovant à partir des retours d’information venant des professionnels exerçant dans les maisons et centres existants.
Vos préconisations constituent-elles un tout ou peuvent-elles être adoptées séparément ?
Le rapport est évidemment un tout, il donne une vision globale de ce qu’il faut faire, à la fois sur le statut juridique à rénover, sur les rémunérations des acteurs, sur le guichet unique, et sur l’importance de faire de ces maisons et centres des lieux de stage. Après, les autorités en feront ce qu’elles voudront. Nous, nous décrivons l’existant, nous proposons l’avenir, mais c’est au politique de décider.
Ce n’est pas le premier rapport sur ce sujet
…
Il sera suivi d’effet car nous savons qu’il y a une volonté politique au plus haut niveau : le président de la République a parlé des maisons de santé dans son récent discours à Perpignan [lors des vux aux professionnels de santé, le 12 janvier, NDLR]. Nous avons la chance d’avoir des politiques à l’écoute, je pense que ce rapport ne restera pas lettre morte.
Y a-t-il urgence à agir ?
Bien sûr. Il y a urgence à lancer l’affaire pour aider ceux qui sont tentés par l’aventure. Il est grand temps de passer de l’artisanat médical à l’industrie du soin.
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