C'est aux limites de la vie, de la mort, et de la folie que le cinéma français doit deux de ses plus beaux films en 2017, remarqués à Cannes : « 120 battements par minute », de Robin Campillo, lauréat du grand prix du jury, et « 12 jours », de Raymond Depardon, présenté hors compétition.
Le premier fait revivre l'épidémie du sida dans les années 1990 dans une fiction inspirée du vécu du réalisateur. En suivant les membres d'Act Up, le film raconte l'irruption des patients sur la scène scientifique et politique et la construction d'une expertise patient. Celle-ci perdure. Mais non la capacité d'une communauté à faire corps : « Act Up a touché une communauté, avec une forte capacité de mobilisation. Mais c'est une exception. La règle est la dispersion des solitudes face à la maladie », confiait au « Quotidien » Robin Campillo, tout en déplorant un retour en arrière, marqué à ses yeux par l'absence d'une volonté politique forte pour arriver au contrôle de l'épidémie, et la perte de transparence dans le dialogue médecin patient.
Autre film qui met dans la lumière des patients invisibles, « 12 jours » de Raymond Depardon. Le cinéaste et photographe place ses trois caméras dans une salle de l'hôpital du Vinatier (Bron), où les patients hospitalisés sans leur consentement sont présentés - dans les 12 jours suivant leur hospitalisation, depuis la loi du 27 septembre 2013 - au juge des libertés et de la détention (JLD), qui doit se prononcer sur la légitimité de la restriction de liberté, au regard de la protection de santé. Le film fait entendre les paroles inédites de patients, dont on ne saurait dire leur a-normalité, et déploie un regard humaniste sur deux institutions, psychiatrie et justice, qui s'efforcent d'appliquer au mieux une loi encore récente et controversée.
Des figures de médecins en mode mineur
Les patients dans ce qu'ils ont de plus cassé ont été à l'honneur dans « Patients » de Grand corps Malade et Mehdi Idir et dans « Au revoir là-haut », d'Albert Dupontel. Quant aux médecins, on en rencontre chez Lucas Belvaux, qui met en scène dans « Chez nous » André Dussolier sous les traits du Dr Berthier, médecin de famille dans un désert médical qui devient courroie de transmission du FN et rouage d'une stratégie de normalisation de l'extrême droite. Enfin, Omar Sy, l'acteur césarisé d' « Intouchables », reprend la blouse du Dr Knock dans le film de Lorraine Lévy.
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