ESSOR des pathologies chroniques, prévention, éducation thérapeutique, mais aussi transferts de charges, baisses de remboursement, bouclier sanitaire… La dernière Journée Initiatives Mutuelles a été l’occasion de débattre des grandes évolutions du système de soins et de la place, sans doute accrue demain, des mutuelles santé qui ne se contentent plus du rôle de payeur aveugle.
Près de 9 % des assurés ne disposent d’aucune couverture complémentaire. Face à ce constat et dans le contexte de la mise en place des franchises médicales en 2008 est née l’idée - controversée - d’un bouclier sanitaire, à l’initiative de Martin Hirsh, Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté. Le principe consiste à instituer un plafond des restes à charges supportés par les patients sur la dépense remboursable. En dessous du seuil, les tickets modérateurs et forfaits resteraient à la charge de l’assuré ; au-delà, l’assurance-maladie garantirait une couverture intégrale. Mais de multiples questions se posent. Quelle place pour la protection complémentaire ? Le montant à partir duquel, pour une année, une personne bénéficie du 100 % doit-il être le même pour tous ? Doit-il être fonction du niveau de vie, de revenus ?
D’après Daniel Lenoir, ancien directeur général de la Mutualité Française, aujourd’hui directeur préfigurateur de l’ARS du Nord Pas de Calais, il existe un malentendu entre les promoteurs du bouclier sanitaire et les complémentaires santé : « le bouclier sanitaire est une idée juste socialement, mais elle percute les repères de la Mutualité Française. Car cette dernière se vit elle-même comme une sorte de bouclier sanitaire. Il faut faire en sorte que les complémentaires assurent des missions d’intérêt général (prévention, promotion de la santé…). Ainsi, le bouclier sanitaire - aujourd’hui défini comme une sorte de plafond de restes à charge devrait plutôt être considéré comme un niveau de prise en charge complémentaire ».
L’explosion des maladies chroniques, poste de croissance le plus dynamique des dépenses maladie (les ALD représentent déjà 60 % de la dépense et sans doute 70 % en 2 015) pousse également à revoir toute l’organisation du système de soins, les modes de prise en charge et de rémunération. Les mutuelles ont de fortes ambitions dans ce domaine, par exemple pour développer le paiement forfaitaire. Les Agences régionales de santé (ARS) auront sans doute un rôle moteur, car leur mission estde décloisonner, dans chaque région, médecine de ville, hôpital, santé publique et médico-social.
Autre grande mutation en cours : l’éducation thérapeutique. « Cette dernière n’est pas uniquement une affaire de médecins ou de médicaments. Les malades chroniques doivent être accompagnés de manière plus globale grâce à une équipe pluridisciplinaire. L’éducation thérapeutique a de beaux jours devant elle. Et les complémentaires santé devront y être associées, affirme Bruno Caron, secrétaire général de l’Union Groupe Initiatives Mutuelles (UGIM). Notre métier évolue : nous ne sommes plus de simples relais de la sécurité sociale. Nous devons êtres des acteurs, aux côtés des professionnels de santé, pour mettre en place les bons protocoles et accompagner pécuniairement nos adhérents lorsqu’il y a un bien-être avéré pour l’ensemble du système de soins ».
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