Des experts, issus de l’AP-HP, du CHU de Nice, mais aussi de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris et du service de santé des armées, qui ont été confrontés aux attentats de Paris et de Nice, analysent dans « The Lancet » leur expérience. Ils en tirent les leçons pour montrer les mesures encore à mettre en place, dans la durée.
Puisque les armes utilisées dans les attentats sont souvent des armes de guerre, l’expertise militaire doit être transposée dans le contexte civil, via une formation des chirurgiens, anesthésistes, et médecins d’urgence. Cette formation doit être élargie aux médecins généralistes et intégrée à la formation initiale. Les équipes hospitalières doivent par ailleurs être formées sur la prise en charge de nombreuses victimes pédiatriques et sur la réponse à apporter en cas d’attaque chimique.
Sur le terrain, une coopération étroite entre les forces de l’ordre, les équipes du SAMU et des Pompiers est indispensable. C’est elle qui a permis de limiter le nombre de morts parmi les victimes admises à l’hôpital pendant les attaques parisiennes, et elle doit se poursuivre. Elle permet en particulier une prise en charge adaptée des victimes atteintes d’hémorragies massives, qui sont le principal problème dans les attaques utilisant des armes à feu. Garrots et acide tranexamique sont donc désormais disponibles dans les ambulances du SAMU.
« Damage control » et identification des victimes
Les grands centres hospitaliers se sont adaptés à la prise en charge d’un afflux de blessés graves. Les hôpitaux de l’ensemble du territoire national doivent aussi pouvoir faire face à cette éventualité. Les équipes de bloc opératoire doivent maîtriser le principe du « Damage Control » chirurgical (technique militaire qui consiste à réaliser une chirurgie d’urgence de courte durée pour stopper l’hémorragie puis à ré-intervenir un jour plus tard).
La recherche médicale joue aussi un rôle essentiel dans la réponse au terrorisme. Par ailleurs, des progrès doivent porter sur la gestion de l’évènement. De nouvelles procédures (empreintes digitales, ADN et identification dentaire associés à la recherche des papiers d’identité et à la description des vêtements) permettent maintenant d’identifier mieux et plus vite les victimes pour informer leurs proches. Les auteurs notent en effet que « l’identification des victimes a clairement été un problème après les attaques de Paris et de Nice, en particulier pour celles qui sont décédées sur place ».
Un tiers des victimes, des proches des victimes et des premiers arrivés sur les lieux de l’attentat sont susceptibles de développer un syndrome de stress post-traumatique (SSPT), et parmi eux, un tiers n’en sera pas guéri après 10 ans. Ce qui illustre le besoin de pouvoir mobiliser psychiatres et psychologues pour intervenir juste après un attentat. Les moyens de l’urgence médico psychologique ont donc été adaptés pour permettre une prise en charge précoce d’un plus grand nombre de victimes afin de prévenir plus rapidement la survenue du SSPT.
Les auteurs concluent qu’une « réponse médicale adaptée non seulement sauve des vies mais peut aussi faciliter la résilience de la population. Cela casse le cercle vicieux entre attaque et répression, et fournit un message positif d’espoir et de force. La réponse médicale est un composant essentiel de la réponse aux attaques terroristes et elle est en opposition totale avec les objectifs principaux du terrorisme que sont l’agression, la peur et la panique. »
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes