LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN : Lors de la journée scientifique du congrès, il sera question de télémédecine. Quel usage peut-il en être fait par SOS Médecins ?
Dr PIERRE-HENRY JUAN. Cela fait très longtemps que nous développons la télémédecine. Grâce à nos logiciels, chaque patient dispose d'une fiche qui comprend le motif de l'appel, le diagnostic et les documents annexes comme l'électrocardiogramme et la biologie. En somme, ce sont de vrais dossiers médicaux personnalisés. Par ailleurs, nous disposons, de fait, d'une expertise de conseil téléphonique. SOS Médecins a donc fait plusieurs propositions pour développer la discipline.
Lesquelles ?
Dans les premiers textes, la télémédecine était réservée au seul médecin traitant. Nous avons rencontré les partenaires syndicaux et le directeur de l'assurance-maladie pour leur expliquer qu'il fallait associer les associations de permanence des soins au développement de la télémédecine. Notre appel a été entendu et les textes définitifs sont en cours d'écriture.
Sur la prise en charge des soins non programmés, le rapport controversé du député Thomas Mesnier suggère que la présence de SOS Médecins entraîne le désengagement des médecins libéraux dans les agglomérations. Qu'en pensez-vous ?
Nous n'avons pas compris le rapport du député Mesnier car la prise en charge des soins non programmés fait partie de notre cœur de métier et nous sommes nous-mêmes médecins libéraux ! D'autant que les généralistes de cabinet – et c'est indiqué dans le rapport – arrivent à libérer plus de 10 % de leurs actes sur les soins non programmés. Notre travail s'inscrit en complémentarité avec eux et notre rôle est celui de facilitateur dans les zones où nous sommes présents.
Mais comment peut évoluer le rôle de SOS dans la prise en charge des soins non programmés et dans la réorganisation des urgences ?
Notre rôle est celui de facilitateur. Étant régulateurs, gestionnaires d'appels et effecteurs, nous avons un système optimisé et un savoir-faire qu'il faut pérenniser. Notre système est autofinancé et non pas capitalistique. Nous permettons une meilleure harmonisation du système à moindre coût.
Que pensez-vous de l'instauration d'un numéro unique ?
Le 36 24, notre numéro national, est interconnecté avec le 15. Ainsi, on peut basculer facilement un appel d'un centre vers l'autre. Cela répond pleinement à la demande de soins la nuit, le week-end, les jours fériés… Au total, le SAMU et SOS Médecins gèrent efficacement 31 millions d'appels par an – 25 millions pour le 15, 6 millions pour SOS Médecins. Nous avons donc du mal à comprendre la proposition du député Thomas Mesnier qui veut tout centraliser !
À la notion de numéro unique nous préférons celle de numéro commun. Un dispositif où tous les services médicaux d'urgence et de soins non programmés sont interconnectés mais dans lequel chacun garde son numéro d'accès direct. Le 15 est un point de repère pour les patients désorientés. Pour ceux qui souhaitent accéder à un autre service, les numéros sont connus. De plus, cet accès direct permet de préserver l'identité des médecins libéraux et d'entretenir leur place et leur attractivité dans le système de soins.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes