Outre François Fillon (lire page 4), Emmanuel Macron (En marche !), Benoît Hamon (PS), Yannick Jadot (EELV) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) ont détaillé mardi dernier leur vision du système de santé et d'assurance-maladie, lors d'un grand oral organisé par la Mutualité française, à Paris. Absents, Marine Le Pen (FN) et Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) ont écrit leurs contributions.
Après la brèche ouverte par François Fillon sur le « panier de soins » et la place des complémentaires santé, les principaux candidats à la présidentielle se sont positionnés sur ce sujet à la fois technique et éminemment politique – la question du reste à charge final devenant centrale.
Emmanuel Macron s'est illustré en proposant un remboursement intégral des soins en optique, dentaire et audioprothèse, dont il revendique la paternité, sans préciser l'articulation exacte entre assurance-maladie obligatoire et complémentaires. Dans ces trois secteurs particulièrement coûteux pour les ménages, l'ancien locataire de Bercy veut réduire le reste à charge « à zéro d'ici à 2022 par une politique de responsabilisation des acteurs, de manière concertée avec les professionnels de santé ». Il mise sur une régulation accrue du marché et la concurrence pour faire baisser les prix (affichés avec plus de transparence). En parallèle, il propose de valoriser les actes de prévention. « On a laissé s'envoler les coûts sur des prestations grâce auxquelles [les professionnels de santé] se font leur rémunération plutôt que sur les bons soins, ceux de prévention, qui sont mal couverts », a-t-il assuré, accusant les acteurs de « déresponsabilisation collective ». Le candidat rejette l'idée d'un transfert arbitraire de prise en charge sur les complémentaires, qui ferait augmenter les cotisations.
Hamon mise sur les aides à la complémentaire
Benoît Hamon entend de son côté augmenter le niveau des remboursements de la Sécurité sociale sur les prothèses auditives, les soins dentaires et optiques, sans préciser à quel niveau. Là encore, l'objectif est de supprimer le reste à charge. Nicolas Dupont-Aignan ironise sur l'emballement médiatique à propos d'une mesure (l'objectif zéro reste à charge) « que tous les candidats défendent [lui compris] parce que c'est une évidence ». Il défend un remboursement à 100 % d'une paire de lunettes (tous les quatre ans) et des audioprothèses (tous les cinq ans).
Le recours aux aides publiques facilitant l'accès à la complémentaire santé est le sujet « prioritaire » pour Benoît Hamon, chantre du « droit à la santé universel ». Le Brestois veut étendre ce principe aux fonctionnaires, retraités, étudiants et chômeurs de longue durée. Coût de l'opération : 3,5 milliards d'euros par an. Marine Le Pen veut déployer la CMU-C et l'aide à la complémentaire santé (ACS) « au plus grand nombre, sans effet de seuil ».
Maquis
La place et le rôle des complémentaires a permis à certains candidats de se démarquer à peu de frais. Yannick Jadot réclame la modification « indispensable » des mécanismes de remboursement et de contrôle, en impliquant davantage complémentaires santé et usagers. « La régulation entre l'assurance-maladie et les professionnels de santé se traduit toujours par un transfert des frais courants aux complémentaires », a-t-il regretté.
Nicolas Dupont-Aignan marque son aversion pour « le maquis » des mutuelles. Pour « éviter la gangrène assurantielle », il défend l'idée d'un régime de Sécu unique, sur le modèle de l'Alsace-Moselle. Jean-Luc Mélenchon fixe l'objectif d'un remboursement 100 % Sécu de tous les soins prescrits, signant la fin des complémentaires santé.
Marine Le Pen s’engage à ne pas réduire la prise en charge des soins par l’assurance maladie obligatoire et à « mieux encadrer » les complémentaires santé par une règle d’or budgétaire... sur les frais de gestion.
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