Le gouvernement y voit déjà un antidote à l'engorgement des urgences. Le service d'accès aux soins (SAS) va être déployé dans 22 territoires à partir du 1er janvier 2021.
Le ministère a dévoilé cette semaine la liste des « sites pilotes » retenus pour essuyer les plâtres de ce modèle d'organisation territoriale de la réponse à l'urgence et aux soins non programmés. Dans chacun d'eux, le SAS reposera sur une nouvelle plateforme téléphonique de régulation commune au SAMU et à la médecine de ville.
En théorie main dans la main, hôpital et médecine libérale devront ainsi répondre aux besoins de la population en proposant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 une réponse adaptée à chaque situation (conseil, consultation non programmée, téléconsultation, ambulance, etc…). « L'objectif est de définir un nouveau service d'orientation et de guidage dans le système de santé, simple et accessible à tous », résume-t-on avenue de Ségur.
Les 22 premiers sites retenus couvrent plus de 40 % de la population française et seront déployés dans les départements de Paris et petite couronne, Charente, Côte-d'Or, Finistère, Haute-Garonne, Gironde, Ille-et-Vilaine, Indre, Indre-et-Loire, Isère, Loire-Atlantique, Manche, Moselle, Nièvre, Nord, Rhône, Savoie, Yvelines, Somme, Vienne, Martinique et La Réunion. L'expérimentation doit s'étendre jusqu'au dernier trimestre de l'année 2021 avant généralisation sur l'ensemble du territoire.
-30 % de passages aux urgences à terme
Le Dr François Braun, président de SAMU-Urgences de France (SUDF), ne cache pas son enthousiasme. « Ce SAS est avant tout synonyme de la mise en place partout d'une filière de régulation médicale de médecine générale 24 heures sur 24 », se réjouit le chef des urgences du CHR de Metz-Thionville (Moselle).
L'urgentiste hospitalier voit dans ce système une « meilleure répartition » des appels entre les intervenants qui seront désormais côte à côte dans la même salle de régulation. Les « appelants », après avoir été écoutés par l'assistant de régulation médicale (ARM), seront orientés en fonction de leur situation vers un médecin généraliste ou un urgentiste qui décidera des moyens à mobiliser : SMUR, médecin de garde, SOS… « Les médecins auront le panel complet de réponses mais l'utilisation des moyens SMUR reste plutôt à la main de l'urgentiste et l'utilisation des moyens de la médecine générale plutôt à la main du généraliste », précise le Dr Braun.
Pour le praticien mosellan, la réussite du SAS s'évaluera à l'aune de deux indicateurs : la rapidité des décrochés et la diminution de la fréquentation des urgences. SUDF se fixe l'objectif de réduire à terme d'environ 30 % le nombre de passages aux urgences et, parallèlement, d'accroître de 2 % les consultations en ambulatoire.
Supplétifs ?
En médecine de ville, l'arrivée du SAS est accueillie avec davantage de réserves.
Pour le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, les 22 projets retenus n'ont pas suffisamment associé les praticiens libéraux notamment via les associations de permanence des soins. « En dehors de quelques rares dossiers, les projets sont portés… par le SAMU, c'est un comble ! », s'agace l'omnipraticien mayennais. « On met les généralistes sous la coupe des hôpitaux ! », accuse-t-il.
Le leader syndical bat en brèche la méthode adoptée par les pouvoirs publics. « La plupart des projets ne sont pas matures et sont voués au fiasco, présage le Dr Duquesnel. Il aurait fallu leur donner plus de temps ». Surtout, rien n'est précisé à ce stade pour valoriser les généralistes effecteurs qui prendront en charge les consultations non programmées (même si des négociations sont en cours). Quant au numéro « libéral » 116 117, dont les syndicats réclament la reconnaissance pour gérer ces urgences de ville, aucune garantie n'a été donnée.
« Nous seront très vigilants sur la réelle place accordée à la médecine libérale », alerte aussi le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. Selon lui, les médecins de terrain n'ont eu ni le temps ni les moyens de rédiger avec l'hôpital des projets pilotes capables d'embarquer les libéraux. « Très peu de professionnels connaissent aujourd'hui le SAS », regrette-t-il. Le généraliste du Calvados tire la sonnette d'alarme : « Nous avons peur que cela ressemble à ce qui existe déjà, il ne faut pas que les médecins libéraux ne soient que des supplétifs des SAMU-Centres 15. »
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