« Cette deuxième campagne de recueil des indicateurs « qualité » prouve l’engagement des néphrologues pour améliorer la qualité des soins. Et les résultats confirment que la France dispose de très bons indicateurs de suivi pour les patients en hémodialyse, alors même que la qualité de la dialyse interroge aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Même si tout n’est pas encore parfait, cela montre la qualité des pratiques de dialyse en France », indique la Dr Agnès Caillette-Beaudoin, médecin-directeur du centre CALYDIAL et secrétaire générale adjointe de la Société francophone de néphrologie, dialyse et transplantation (SFNDT).
La Dr Caillette-Beaudoin fait partie d’un petit groupe de néphrologues qui se sont mobilisés pour élaborer des indicateurs d’amélioration de la qualité et la sécurité des soins en hémodialyse, en lien avec la Haute Autorité de santé (HAS). « Ce travail s’est fait en partenariat avec la Société de néphrologie et la Société francophone de dialyse (aujourd’hui fusionnées au sein de la SFNDT). Les deux sociétés savantes de l'époque ont accepté d’établir des indicateurs tout en sachant qu’il est difficile de résumer, à travers eux, toute la qualité des soins de dialyse », indique la Dr Caillette-Beaudoin.
Une première campagne de recueil de 14 indicateurs transversaux a eu lieu en 2013. « Mais elle n’a pas été publiée conformément aux critères très rigoureux de la HAS qui ne publie jamais la première campagne de recueil de ce type d’indicateurs. Mais ce qui est intéressant, c’est le fait que cette première campagne, même non publiée, a eu des effets positifs sur la dynamique des établissements pour améliorer la qualité des soins. Entre les deux campagnes, on a vu progresser quasiment tous les indicateurs », se félicite la Dr Caillette-Beaudoin.
Près de 1 500 dossiers analysés
Pour la deuxième campagne, menée en 2015, le recueil a porté sur 14 indicateurs et 308 structures, dont quatre n’ont pas participé. Dans chaque établissement, 60 dossiers de patients hémodialysés ont été sélectionnés par tirage au sort aléatoire à partir des données du PMSI. Et au total, 14 951 dossiers ont pu être analysés. « Ils l’ont été par l’équipe référente de l’établissement pour la qualité des soins », indique la Dr Caillette-Beaudoin.
Dans une synthèse, la HAS constate que, parmi les 14 indicateurs, 12 présentent un taux pondéré national égal ou supérieur à 80 % dont trois un taux supérieur à 90 %. Le taux de patients pour lesquels le dossier comporte une mesure de l’hémoglobine dans les 2 mois et dont les résultats se situent entre 9 et 13 g/dl pour les patients sous Agent stimulant l'érythropoïèse (ASE) ou sont supérieurs à 10 g/dl pour les patients sans ASE est de 92 %. Le taux de patients pour lesquels le dossier comporte le bilan phosphocalcique réalisé dans les délais recommandés est de 92 % ; celui pour lesquels le dossier comporte une sérologie des hépatites B et C datant de moins de 6 mois est de 93 % ; celui pour lesquels le dossier comporte au minimum 3 séances et 12 heures hebdomadaires sur la semaine étudiée est de 81 % ; et enfin le taux de patients pour lesquels le dossier comporte une mesure de la dose de dialyse le mois précédant l’analyse du dossier est de 89 %. « Ce qui est intéressant, c’est que pour certains indicateurs, le médecin peut considérer certains patients, ne répondant à certains critères classiques, comme atypiques. C’est le cas par exemple des patients très âgés qui ne souhaitent pas faire les trois séances de quatre heures. Dans ce cas, ce n’est pas un défaut de qualité mais une démarche de bientraitance », indique la Dr Caillette-Beaudoin.
Autre constat de la HAS : le taux de patients pour lesquels le dossier comporte une évaluation de l’accès à la transplantation depuis le début de la prise en charge dans l’établissement, ou une contre-indication définitive tracée, est de 88 %. Le taux de patients pour lesquels le dossier comporte une évaluation de l’accès à la transplantation datant de moins d’un an, ou une contre-indication définitive tracée, est de 74 %. « Il s’agit d’indicateurs importants, qui permettent de vérifier que les établissements accordent une grande attention à la traçabilité de l’accès à la transplantation », indique la Dr Caillette-Beaudoin. Au total, 7 indicateurs ont été publiés sur le site Scope santé de la HAS. Une transparence que salue la Dr Caillette-Beaudoin, tout en souhaitant que les établissements aient les moyens de continuer à assurer ce suivi des patients hémodialysés. « J’espère que cela pourra être pérennisé. Mais cela n’est pas certain avec la baisse des tarifs ».
D’après un entretien avec la Dr Agnès Caillette-Beaudoin, médecin-directeur du centre CALYDIAL et secrétaire générale adjointe de la Société francophone de néphrologie, dialyse et transplantation (SFNDT).
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