AVEC LES radicaux de gauche et les chevènementistes, le PS rassemble 314 sièges. La participation d’EELV au gouvernement n’est donc pas essentielle pour François Hollande, qui la maintiendra seulement pour renforcer la domination du PS sur l’ensemble des Assemblées, nationales ou territoriales. À droite, l’UMP rassemble, avec le Nouveau Centre et les radicaux valoisiens (Borloo), 209 députés. C’est une sorte d’Assemblée de 2007 inversée, la gauche prenant la place de la droite et réciproquement.
La nouvelle Assemblée se réunira pour une session extraordinaire à partir du 3 juillet. L’application progressive des 60 propositions du candidat Hollande (dont 10 sont déjà en vigueur) exige une accélération du calendrier. Il y aura des mesures fiscales très importantes, marquées par le « souci de justice », comme Martine Aubry ne cesse de le rappeler. La position exceptionnelle du PS permet à M. Hollande d’aller vite et surtout de ne pas accorder le moindre intérêt aux protestations de la droite, qui demeureront platoniques.
L’UMP a évité la déferlante attendue du Front national, qui n’est pas concrétisée puisque le FN n’a en définitive que deux élus et que Marine Le Pen a été battue de justesse à Hénin-Beaumont par le candidat socialiste, le PS ayant ainsi administré la preuve qu’il était mieux à même de se débarrasser de la candidate du Front que Jean-Luc Mélenchon. Mais la question se pose, de façon aiguë, de la stratégie que l’UMP doit mettre en œuvre si elle veut revenir un jour dans la course. Personne ne peut affirmer avec certitude que la fameuse « droitisation » de la droite classique a empêché le pire ou si elle a renforcé l’extrême droite. Jean-François Copé, sommé par Chantal Jouanno, Jean-Pierre Raffarin et, plus discrètement, par François Fillon (élu à Paris) de mettre de l’humanisme dans le programme du mouvement, rappelle que 60 % des militants de l’UMP veulent que celle-ci reprenne à son compte les thèses du Front sur l’immigration et la sécurité.
L’exemple de Nadine Morano, qui s’est jetée dans les bras du FN pour ne pas être battue mais qui l’a été quand même, semble plutôt indiquer que l’électorat de la droite qui n’est pas encarté exige de l’UMP qu’elle conserve les principes républicains que Nicolas Sarkozy, sous l’influence de son conseiller Patrick Buisson, n’a cessé de bafouer.
Un paradoxe français.
Bien que la crise de l’euro et de la dette soit d’une gravité insigne, il n’est pas impossible que le gouvernement Ayrault, qui va être reconduit avec des aménagements tenant compte des législatives, réussisse, notamment parce que la colère des classes moyennes, qui seront fatalement surtaxées, n’aura aucun impact sur l’équilibre des forces en présence. Dans ce cas, si l’UMP s’oriente vers une posture de protestation véhémente assortie de clins d’œil aux électeurs du FN, elle finira par imploser. Mais avant même que le pays revienne à la stabilité sociale et financière, ce qui est souhaitable même s’il va falloir en payer le prix, les chefs de l’UMP auront plus d’une occasion de s’entre-déchirer. M. Copé a proposé un congrès du mouvement en novembre pour départager les quelques hommes, lui-même, M. Fillon, Alain Juppé et peut-être deux ou trois anciens ministrés réélus, comme François Baroin, qui, tous, estiment avoir un destin national. En d’autres termes, si le pouvoir accumulé par les socialistes en quatre tours de scrutin n’empêche pas la pente à gravir d’être abrupte, les divisions au sein de l’UMP risquent de se transformer en lignes de fracture idéologiques, la défaite entraînant le raidissement des caractères et les propositions aventureuses.
Bien entendu, l’UMP souffre de la progression constante du FN, qui sait quel langage tenir aux électeurs désemparés, appauvris et exaspérés. C’est un paradoxe à la fois français et européen : si l’extrême droite n’existait pas, la droite serait majoritaire. La gauche ne l’emporte que parce que la droite est divisée en deux blocs, dont le second, celui du Front, obtient des scores non négligeables. La tentation est donc grande de l’imiter. Mais c’est un réflexe primaire. La droite ne survivra que si elle reste elle-même sans se transformer en succédané de l’extrême droite.
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