› DE NOTRE CORRESPONDANT
COMME chaque jour de l’année, en milieu d’après-midi, une des auxiliaires de puériculture du lactarium du Chu de Rennes note dans le dossier de chacun des bébés hospitalisés en néonatalogie de qui vient le lait qui va lui être donné le lendemain, la quantité… Bref, toutes les informations qui permettent d’assurer une traçabilité irréprochable du circuit imposé. C’est à ce prix que cette chaîne qui relie des mamans à leurs ou à des enfants fonctionne. À ce prix que des bébés, « principalement des grands prématurés, nés à moins de 34 semaines d’aménorrhée ou de moins de 1 800 grammes, mais aussi des enfants qui ont des maladies digestives ou rénales graves », selon le Dr Armelle de la Pintière, responsable du lactarium rennais, bénéficient des apports importants du lait maternel. « C’est le lait le mieux toléré par ces enfants, il protège aussi contre l’entérocolite, diminue le risque d’infections nosocomiales et améliore leur devenir neurocomportemental », ajoute la pédiatre.
Des prescriptions faxées tous les matins.
L’auxiliaire-puéricultrice a juste à quitter la salle où est entreposé tout le stock de lait collecté dans une demi-dizaine de congélateurs et à pousser une porte pour entrer dans la « biberonnerie ». Là, dans un réfrigérateur, elle introduit ce qui sera nécessaire pour l’alimentation quotidienne d’une quarantaine de bébés en moyenne et qui sera décongelé dans 24 heures. À côté, cinq collègues s’activent : il est 15 h 30. D’ici une heure environ, la distribution va commencer, conformément aux prescriptions médicales faxées chaque matin. Avant cela, il faut encore ajouter les additifs éventuels, ajuster les doses et, enfin, conditionner le lait sous la forme d’un biberon ou dans une seringue. La fin d’un parcours, très normé et plutôt complexe, qui va de la collecte à l’analyse, la pasteurisation et le « poolage » (mélange des recueils de lait de la même maman) jusqu’à la distribution.
« L’idéal, d’un point de vue nutritionnel et immunologique, c’est bien sûr le don direct : la maman donne son lait pour son enfant », explique Hélène Viel, infirmière puéricultrice. Mais, d’abord, pendant une dizaine de jours en moyenne, c’est-à-dire le délai pour que la lactation se mette en place et pour que les analyses bactériologiques aient le temps d’être effectuées, la maman ne peut pas complètement alimenter ainsi son bébé. Il faut donc recourir à un autre lait maternel. Il arrive également que la maman ne désire ou ne puisse pas du tout tirer son lait. Pour ces raisons, on a besoin de lait de donneuses anonymes. »
300 donneuses par an.
En moyenne sur les deux dernières années, le lactarium a pu collecter le lait de 245 mamans en don dit personnalisé (pour leur propre enfant) et de 56 donneuses anonymes, dont le lait va profiter à plusieurs enfants. À noter qu’il y a deux ans, parmi les 230 mamans en don personnalisé, 87 ont accepté que leurs excédents de lait soient utilisés pour d’autres bébés. Malgré un système de collecte assuré par l’équipe dans les maternités du bassin rennais et jusqu’au domicile des donneuses anonymes, ces chiffres restent relativement modestes et expliquent pourquoi, à Rennes comme ailleurs, la prescription médicale de lait maternel doit être restrictive quand le rapport Dominique Turck* préconise le lait maternel pour les prématurés de moins de 35 semaines et de 2 kg.
Un sujet de préoccupation pour les professionnels quand on sait que le nombre de prématurés, et particulièrement celui des grands prématurés, augmente.
* Le rapport est téléchargeable sur http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_Plan_daction_allaitement_Pr_D_…
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