LA SYMPATHIE qu’inspirent le Chili et son peuple est immense. Une observation plus raisonnée de ce qui s’est passé dans cette mine devrait nous rappeler que les conditions de travail dans les mines chiliennes, l’insuffisance des mesures de sécurité, le niveau dérisoire des salaires, la vétusté des installations ne témoignent guère de la compassion des entreprises et des pouvoirs publics pour ces damnés de la terre. S’ils avaient péri lors de l’effondrement, ils seraient déjà oubliés. Il ne se passe pas de jour sans que l’on apprenne la disparition, dans des conditions nécessairement atroces, de dizaines de mineurs, notamment en Chine. Si le nombre des victimes de la mine sont moins nombreux dans les pays riches, c’est parce que l’extraction du charbon est beaucoup moins intensive que par le passé et parce que la sécurité y a été améliorée. Mais aucun mineur n’est à l’abri d’un coup de grisou et la multiplication des actes de prévention n’empêche pas un accident, que l’on attribue parfois, mais un peu vite, à la fatalité.
Les gueules noires.
Ce qui fait la grandeur du mineur, c’est qu’il est mal payé pour exercer un métier extrêmement pénible et dangereux auquel il reste profondément attaché, justement parce que ce métier exige de lourds sacrifices. Inutile de revenir sur la saga sociale des « gueules noires » pour exalter cette profession infernale et l’honneur qui s’y attache. Pour ce qui concerne le Chili, c’est une démocratie exemplaire, mais encore pauvre, en dépit de la progression de son économie, et ce n’est pas sur les mineurs qu’elle a concentré ses efforts les plus intenses. Aussi, quand on voit le nouveau président, Sebastian Pinera, élu en janvier 2010 et millionnaire par ailleurs, tirer un profit politique du sauvetage des mineurs, on est en droit de penser qu’il aurait mieux fait de réformer les mines dans un pays où l’extraction du cuivre est la base de la production et des exportations.
Mais les Chiliens n’ont pas voulu gâcher leur bonheur par des considérations politiques sur les errements qui ont conduit à l’effondrement de la mine de San José, perdue dans le désert d’Atacama. La solidarité nationale a joué à plein. Ce sont notamment des dons de particuliers qui ont permis de mettre au point le forage d’un puits de secours étroit et la nacelle coulissante grâce à laquelle les mineurs, un par un, à raison de 15 minutes par voyage dans un habitacle claustrophobique, ont pu être dégagés des entrailles de la terre où ils étaient enfouis vivants. Si l’État et l’entreprise minière n’ont pas eu pour les mineurs toute l’attention requise quand ils les ont mis au travail, ils ont décidé de les sauver, à l’importe quel prix, dès que l’on a appris qu’ils étaient vivants. Du coup, les martyrs sont devenus des héros. Les cris de joie, les applaudissements, les énormes embrassades qui ont salué chacun des mineurs enfin réapparu à la surface indiquent que le peuple chilien s’est soudé autour d’une cause nationale.
UN MESSAGE AUX IDÉOLOGUES DE LA MORT
Comme on sait, une vie ne vaut rien mais rien ne vaut une vie. Les deux éléments de cette formule de Malraux sont contenus dans un labeur dangereux et dans l’impératif catégorique de sauver ceux qui en sont victimes. La leçon est universelle. Elle est aussi d’actualité. Rarement le monde ne nous aura paru aussi violent. Rarement les victimes d’idéologies meurtrières n’ont semblé aussi nombreuses. Guerres et terrorisme exercent leurs ravages en Irak, en Afghanistan, en Somalie, dans le Sahel africain. Les attentats ou menaces d’attentat obligent le monde entier à rester sur ses gardes. La misère et la famine tuent des enfants tous les jours, dans les pays les plus pauvres du monde. Des épidémies, Sida, tuberculose, paludisme en Afrique, cancers dans les pays plus riches, Alzheimer chez les plus âgés déciment la population mondiale. Et voilà que tout à coup un peuple et le monde qui le soutient refusent d’abandonner ces 33 vies, refuse qu’un seul de ces parias soit livré à la Grande faucheuse. C’est un peu de cette manière qu’Ingrid Betancourt et quelques autres otages des FARC ont été délivrés par l’armée colombienne l’année dernière. Et rappelez-vous la joie de l’humanité quand elle a appris qu’après six années de détention, elle avait été enfin délivrée. Otages des FARC ou otages de la mine, quand on les arrache à leur injuste prison, on gifle ceux dont la seule politique consiste à tuer des innocents ou à les priver de liberté. Le Chili vient d’envoyer un message aux idéologues de la mort.
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