LA PLUPART de ces clandestins sont des Afghans qui, comme autrefois à Sangatte, ne rêvent que de gagner l’Angleterre où ils bénéficient du droit de travailler dès qu’ils posent le pied sur le sol britannique. M. Besson ne cesse de répéter qu’il s’attaque moins aux migrants qu’aux passeurs qui leur font payer de fortes sommes (jusqu’à 15 000 euros) pour les acheminer, dans les pires conditions, jusqu’en France. La solidarité, leitmotiv des associations humanitaires, actives et nombreuses, qui tentent d’aider les immigrés clandestins, embarrasse M. Besson. Il multipie les considérations éthiques pour justifier son action. Il ne dit pas par exemple que, quel que soit le sort de ces malheureux, la France ne peut pas permettre que se multiplient les bidonvilles sur son territoire. À Calais se heurtent deux classes de citoyens : ceux qui ne supportent plus la présence des migrants (des agressions ou autres actes délictueux sont parfois commis) et ceux qui, au nom de la solidarité humaine, s’efforcent de les protéger. Le ministre a d’ailleurs dû céder sur au moins un point. Il a renoncé à appliquer le droit qui prévoit un « délit de solidarité ». Après avoir juré qu’un tel délit n’existait pas, il a promis que les « solidaires » ne seraient pas poursuivis.
Un bonbon avant la potion.
De même, M. Besson, avant de procéder à la destruction de la « jungle » de Calais (et d’autres moins visibles), avait annoncé qu’il n’appliquerait pas la loi sur les tests ADN censés précéder le regroupement des familles d’immigrés. Cela lui a valu une volée de bois vert à l’Assemblée nationale, car les députés n’aiment pas qu’on méprise leur travail. Ce qui est intéressant en réalité, c’est qu’il n’existe aucun personnage politique assez fort (sauf Jean-Marie Le Pen qui estime qu’on n’en fait pas assez) pour assumer la cruauté, apparente ou réelle, de la politique française d’immigration. Le poids moral des associations est lourd et le gouvernement est incapable de passer en force. M. Besson a décidé de ne pas utiliser des tests décrits comme inapplicables pour mieux lancer son offensive contre les clandestins. Un bonbon avant la potion.
Ce qui n’a pas empêché Martine Aubry, au nom de l’opposition, de prononcer un réquisitoire assassin contre ce qu’elle appelle une politique « indigne » de la France. Riposte de M. Besson : Mme Aubry est irresponsable. Au-delà de cette inévitable querelle, il pose une bonne question : l’opposition, si elle occupe un jour le pouvoir, ouvrira-t-elle largement les portes à l’immigration ? Créera-t-elle un droit de rester en France pour tous ceux qui auront franchi illégalement la frontière ? Comme l’opinion est versatile et jamais à une contradiction près, elle exigera que l’on soit ferme en matière de lois et laxiste sur le plan humain. Mais il faut choisir. Chasser des clandestins de leur bidonville, c’est un sale travail et on n’envie pas les forces de l’ordre chargées de raser le campement. Pourtant, si la morale fait courir un danger à la société française, il faut avoir le courage de le dire. M. Besson n’a pas besoin de mettre des gants. Il peut fort bien expliquer que, si on est indulgent avec les clandestins, ils arriveront par dizaines de milliers. Que, sur tous les rivages européens, des clandestins arrivent sur des embarcations de fortune, que parfois ils meurent noyés, et que toutes les polices des frontières essaient de les refouler vers leur pays d’origine.
PERSONNE N’OSE DIRE QUE NOUS NE RENDONS SERVICE NI AUX CLANDESTINS QUE NOUS ACCUEILLONS NI À NOUS-MÊMES
Les défenseurs de la générosité humaine ne sont pas à court d’arguments. Le premier est que la France doit rester une terre d’asile et qu’il faut traiter les immigrés avec humanité. Le second, bien meilleur, est que de toute façon la disparition d’un campement ne règle rien, que les immigrés clandestins y reviennent, que les passeurs ne sont pas dissuadés, que l’Angleterre est le rêve de tous ces pauvres gens qui préfèreraient la mort à un retour chez eux. Mais tout cela ne prouve qu’une chose : que l’Europe n’a pas encore mis au point une politique commune de l’immigration. Que le Royaume-Uni doit adapter ses lois sociales. Que le passage aux frontières de l’espace de Schengen doit être contrôlé avec une minutie et une rigueur absolues. Ceux qui regardent le journal télévisé auront assisté à des scènes plus pathétiques que déchirantes. Un mineur afghan en pleurs est soutenu par une brave dame qui lui répète, elle-même près de sangloter : « Ne pleure pas, ne pleure pas, tu reviendras ». La politique d’un gouvernement socialiste se bornerait-elle au sentimentalisme ? Dans cette affaire, le politiquement correct est partout, à la fois dans la majorité et dans l’opposition. Personne n’ose dire que nous ne pouvons pas admettre que des milliers de personnes, chaque année, entrent illégalement en France. Personne n’ose dire que la moindre indulgence pour l’immigration clandestine ferait exploser notre système économique et social. Et que, en ouvrant largement nos bras à ces miséreux, nous ne leur rendons pas service parce que, en réalité, nous sommes bien incapables de leur assurer une vie décente. Ni à eux, ni à nous-mêmes. Peut-on ouvrir le débat en abandonnant la langue de bois ?
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