Des professionnels de la santé se mobilisent contre la limitation du droit à l’avortement en Espagne. Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a déclenché un tollé en Europe en approuvant un projet de loi qui supprime l’avortement en Espagne sauf en cas de danger prouvé pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme, ou pour viol ayant fait l’objet d’une plainte préalable. La loi actuelle espagnole, votée en 2010 sous le gouvernement socialiste, autorise l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse et jusqu’à 22 semaines en cas de malformation du fœtus.
« Nous nous concentrons surtout pour faire que la loi ne passe pas, a expliqué Isabel Serrano, ancienne présidente de la Fédération nationale du planning familial et coordinatrice de « Decidir nos hace libres » (Décider nous rend libres), un collectif rassemblant plus de 300 associations. Mais si le texte est voté par le Parlement, ajoute-t-elle, « il est certain que nous allons voir des secteurs sanitaires disons insoumis, voire des régions, parce que cela a été évoqué, en Catalogne, en Galice, en Extrémadure et en Andalousie, qui ne l’appliqueront pas ».
Porter le combat en Europe
Le Dr Santiago Barambio, de la Clinique Tutor à Barcelone, l’un des parrains de la loi de 2010, regrette le conservatisme des opposants à l’IVG. « Ces personnes pensent que la vie commence dès le moment de la conception. Nous, nous pensons que l’être humain est celui qui est né », explique à l’AFP le Dr Santiago Barambio, de la Clinique Tutor à Barcelone, l’un des parrains de la loi de 2010. Il compte sur le soutien de la ministre française des Droits de la Femme Najat Vallaud-Belkacem, qui a souhaité que le débat soit étendu au Parlement européen.
Le cas espagnol a en effet été évoqué à l’Assemblée nationale lors des discussions du projet de loi pour l’égalité femmes-hommes qui propose de mieux affirmer le droit à l’IVG des femmes françaises. La disposition a été adoptée ce mercredi.
Les neuropsychiatres montent au front
En attendant un éventuel rejet européen, la communauté médicale espagnole se positionne. L’association espagnole de neuropsychiatrie (AEN) a dénoncé « une instrumentalisation des psychiatres pour tenter de donner une patine scientifique à l’idéologie de certaines personnes ». Le texte prévoit l’accord de deux psychiatres différents pour autoriser l’avortement. Six sociétés membres de la Société espagnole de santé publique (Sespas) et l’association espagnole de diagnostic prénatal (AEDP) se sont également alarmées des risques pour les femmes et l’enfant.
Une association de femmes juristes, Themis, prépare un texte exigeant le retrait du projet qui « fait revenir à une loi des plus restrictives en Europe », alors que la plupart des pays du continent autorisent l’avortement, selon une porte-parole.
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