« J’EN APPELLE à la responsabilité de chacun ». Nicolas Sarkozy, qui présidait cette semaine une réunion de crise sur les problèmes d’approvisionnement en carburant, a souligné que ces désordres pénalisaient « ceux dont la responsabilité est d’assurer les missions de sécurité et de santé ». Une façon de reconnaître la gravité particulière de la situation dans les secteurs stratégiques dont celui de la santé.
Si l’Élysée a affiché sa fermeté en faisant procéder au déblocage de la totalité des dépôts, certains d’entre eux ont été rapidement rebloqués par les manifestants après le départ des forces de police.
En Loire-Atlantique, le préfet a lancé très tôt un appel au civisme : « J’ai des médecins et des infirmières qui n’ont plus de carburant », a-t-il expliqué, demandant aux automobilistes de les laisser passer pour qu’ils puissent s’approvisionner. Mais même dans les régions les plus touchées, peu de préfets avaient procédé, en milieu de semaine, à des arrêtés de réquisition permettant de réserver l’accès de certaines stations-service aux véhicules prioritaires. Seul le département du Calvados avait procédé à la réquisition de 12 stations-service dans le département (accessibles aux véhicules des services de secours et de santé, et aux professionnels de santé libéraux). Dans la plupart des cas, en attendant le retour à la normale, les professionnels de santé s’organisent tant bien que mal…
• Les soucis de SOS
À SOS Médecins, le président Dominique Ringard reconnaît que « ces problèmes d’approvisionnement posent de gros soucis ». L’association d’urgentistes regrette que dans les préfectures, peu d’ordres de réquisition aient été pris pour le moment. « Les préfectures font comme si tout allait bien », déplore Dominique Ringard. Selon un de ses confrères, deux stations-service de la ville d’Amiens ont une de leurs pompes réservée aux véhicules prioritaires, comme ceux des professionnels de santé. Malheureusement, ajoute le patron de SOS, « il n’y a qu’un seul accès à ces stations, si bien qu’il faut quand même faire la queue pour accéder à la pompe prioritaire. Nous demandons non pas des pompes réservées dans les stations-service, mais des stations-service entières réquisitionnées, de manière à ne pas faire la queue ».
• Le système D des transporteurs sanitaires
Odile Tassi, responsable de la Fédération nationale des transports sanitaires (FNTS), raconte que « dans les départements, dès qu’un véhicule sanitaire repère une pompe approvisionnée, il avertit les autres. Plusieurs véhicules sanitaires peuvent se retrouver à faire la queue au même endroit ». Mais le système D a ses limites, indique-t-elle : « on m’a fait état de patients qui doivent aller se faire dialyser, ou suivre une chimiothérapie. Comme aucun véhicule de transport sanitaire n’est disponible, ils doivent appeler le SAMU pour être amené jusqu’au centre de dialyse ». Pour la FNTS, il est évident que l’ensemble des véhicules sanitaires devraient être considérés comme prioritaires. Odile Tassi réclame des stations-service réservées à ces professionnels dans chaque département.
• Le SML face au « mur »
Le Syndicat des médecins libéraux (SML), qui dit recevoir de nombreux appels de confrères bloqués dans des queues interminables devant les stations-service, regrette que seuls soient prioritaires à la pompe les véhicules du SAMU et des pompiers. Le Dr Roger Rua, secrétaire général, ne comprend pas que les professionnels de garde ou en visite ne soient pas prioritaires. Le SML, dont les bureaux sont installés dans l’Essonne, a interrogé la préfecture sur les possibilités d’approvisionnement réservées aux professionnels de santé. « Nous nous sommes heurtés à un mur », constate-t-il. Le SML déplore que les préfets soient plus prompts à réquisitionner les médecins « dans les vaccinodromes »
• MG France donne des consignes
Le syndicat de généralistes a alerté le ministère de la Santé sur la situation très tendue de certaines villes, comme Nancy ou Chartres, dans lesquelles les médecins ont le plus grand mal à s’approvisionner. « La consigne que nous donnons aux médecins qui doivent effectuer des visites, indique Claude Leicher, président du syndicat, c’est de contacter l’ARS, la préfecture ou le conseil départemental de l’Ordre dont ils relèvent. Cela devrait permettre d’accélérer les procédures de réquisition ».
• Le CNPS veut des mesures d’exception
Le Dr Michel Chassang, président du Centre national des professions de santé (CNPS, libéraux) assure recevoir beaucoup d’appels de libéraux inquiets pour leurs déplacements. « Nous demandons des mesures d’exceptioncomme la désignation de stations-service réservées prioritairement aux professionnels de santé ».
• Les infirmiers sur la corde raide
Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), a écrit à Roselyne Bachelot pour lui demander la marche à suivre face aux difficultés d’approvisionnement. « On m’a renvoyé vers les ARS, regrette-t-il, mais ça ne règle rien ». Pour Philippe Tisserand, le manque de carburant « devient un véritable problème de santé publique, avec un risque réel de rupture de la chaîne des soins ». Si bien que la FNI conseille aux infirmiers libéraux de se concentrer sur les patients qu’ils soignent déjà, et de ne pas en accepter d’autres tant que les approvisionnements ne seront pas garantis. Il s’inquiète des éventuelles conséquences de cette pénurie. « Si les infirmiers libéraux ne peuvent plus assurer les soins des patients en HAD (hospitalisation à domicile), prédit-il, le parc hospitalier ne sera pas en mesure de les accueillir ».
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