LA SANTE EN LIBRAIRIE - Vie de famille

L’impact du rang dans la fratrie

Publié le 11/07/2011
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« MA PREMIÈRE est calme et obéissante ; mon deuxième est plus dur, têtu mais beaucoup plus câlin ; il me fait craquer avec son regard charmeur ; avec lui les punitions durent trois minutes au maximum… », raconte la mère de 2 enfants. « Dommage que l’on ne puisse pas commencer par le deuxième ! », s’exclame cette autre maman, qui vécut dans la terreur d’une mort subite les six premiers mois de son aîné et dans une joie presque insouciante les débuts de son cadet. Le premier-né, qui fonde la parentalité, est aussi celui sur qui reposent les plus lourdes responsabilités dès sa conception. Rien de surprenant, dès lors, qu’il est aussi généralement le plus méticuleux, le plus perfectionniste, celui qui réussit aussi souvent le mieux sa vie professionnelle tandis que le deuxième, enfant de parents peut-être plus détendus et sûrement plus occupés, réussit plus souvent sa vie personnelle et apparaît aussi fréquemment plus rebelle, moins enclin à épouser le projet parental. Au point d’être parfois d’être un meneur franchement contestataire.

Bien sûr tous les deuxièmes d’une fratrie ne sont pas Trotski, Lénine, Danton ou Fidel Castro, eux-mêmes cadets, a fortiori s’ils peinent à trouver leur place à l’arrivée d’un troisième, note le pédiatre. De fait, être l’enfant « du milieu » n’est pas forcément la position la plus enviable. Marc Sznajder le constate tous les jours en côtoyant des enfants : il existe des types de personnalité différente selon le rang de naissance et le numéro d’arrivée dans la constellation familiale exerce une influence forte sur le caractère de chacun, même si aucun rang de naissance n’est pour autant plus favorable qu’un autre. Et même si, bien sûr, les particularités de chaque famille (grands-parents compris), leur catégorie socioprofessionnelle et socio-économique, leurs croyances comptent aussi. Cette question est d’ailleurs au centre de multiples débats et travaux scientifiques, dont le pédiatre analyse quelques données de façon à apporter, dit-il, « un éclairage utile à chacun sur son comportement et sa personnalité ».

Interactions multiples.

Même en l’absence de conflit patent ou de bouleversement familial, les parents sont différents d’un enfant à l’autre et les interactions entre les enfants participent à la constitution des particularités de chacun. Tantôt positivement pour l’aîné, quand il est celui qui va « tutorer » le ou les plus jeunes, renforçant ainsi ses capacités cognitives ; tantôt négativement quand il souffre d’une jalousie inexprimable vis-à-vis de ces derniers. Tantôt positivement pour le cadet quand il est moins soumis à la « pression » des parents, tantôt négativement quand il est comparé sans arrêt à son aîné.

Et l’enfant unique alors ? S’il a des caractéristiques comparables à celles de l’aîné avec un soupçon de confiance en lui supplémentaire, il peut aussi souffrir d’un manque de rivaux à qui se mesurer et/ou d’un sentiment de solitude. D’où l’intérêt de remplacer cette fraternité manquante par une socialisation extérieure précoce, souligne le pédiatre. Et les enfants de familles dites recomposées ? Si ces recompositions sont à même de bouleverser la position initiale au sein de la famille, elles semblent surtout avoir un impact fort pour les très jeunes enfants.

Conscients de ces incidences de la constellation familiale sur l’identité et la structuration de chacun de ses membres, il importe que les parents sachent rassurer l’aîné et protéger le suivant comme les suivants, conclut Marc Sznajder.

Dr Marc Sznajder, « les Aînés et les Cadets », Odile Jacob, 192 p., 21,90 euros.

Dr CAROLINE MARTINEAU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8995