Emmanuel Macron gouvernera-t-il la santé en libéral ou en étatiste ? Quelques jours après son élection, la question est ouverte et Didier Tabuteau, responsable de la chaire santé de Sciences Po, et Thierry Beaudet, président de la Mutualité française, se la sont posée lors des derniers « Contrepoints de la santé »*. Sans forcément trancher, « Emmanuel Macron défend une idée libérale de la société ; mais sur les sujets de santé, j'ai pu à la fois observer des similitudes de son projet avec celui de François Fillon et constater le retour d'un "étatisme ++" », s'est étonné le patron de la Mutualité.
Au détour de leurs échanges, les deux débatteurs ont examiné l'avenir du tiers payant généralisé – ou « généralisable », selon les points de vue. En la matière, l'expert en économie de la santé et le mutualiste sont d'accord : n'en déplaise aux médecins, il n'y aura pas de retour en arrière.
Le tiers payant, « facteur de modernité »
« Le tiers payant, je n'en fais pas un totem, a ainsi expliqué Thierry Beaudet. Nous, mutuelles, avions l'obligation d'être prêtes au 1er janvier 2017 ; nous l'étions. Le système fonctionne même s'il faut encore qu'on l'améliore. Je pense qu'il s'imposera parce que les Français et les patients le demanderont durablement. Les professionnels de santé ne pourront pas lutter : ils ne s'inscriraient pas, ce faisant, dans ce qui sera perçu comme un facteur de simplification et de modernité. »
Pour sa part, Didier Tabuteau (qui s'exprimait « à titre personnel ») est « partisan d'un tiers payant à la demande de l'assuré social », une option « qui conduira à terme, admet-il, à ce qu'il soit généralisé ».
Avec Macron, question de confiance
Qu'attendent l'économiste et le mutualiste du nouveau président de la République ?
« Qu'il fasse confiance aux acteurs et aux professionnels de santé, aux médecins !, répond sans hésiter le patron de la Mutualité. Parce que quand les tarifs de la Sécurité sociale sont déconnectés de la réalité des prix pratiqués, c'est la Sécu elle-même qui peut dérailler. Or, a plaidé Thierry Beaudet, on a des capacités de dialogue entre professionnels de santé et complémentaires pour des prises en charge au bon prix, pour imaginer des financements innovants (par exemple, pour décloisonner la ville et l'hôpital). »
Didier Tabuteau attend, lui, le nouveau président au tournant du triptyque « prévention, égalité d'accès aux soins, Sécurité sociale » – pour mémoire, Didier Tabuteau a cosigné en janvier dans « le Monde » avec Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP, une tribune intitulée « Créons une assurance-maladie universelle ».
* « Les Contrepoints de la santé », organisés par Ortus, agence de communication et d’information spécialisée en décision et management en santé
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