Des données issues du Danemark et du Royaume-Uni rapportent une infectiosité accrue du sous-variant BA.2 d’Omicron, par rapport à BA.1, actuellement dominant en France. À l’échelle internationale, si le sous-lignage BA.1 est majoritaire, avec 96 % des 342 511 séquences Omicron déposées sur la base de données internationale Gisaid (au 24 janvier), « la proportion de BA.2 a légèrement augmenté », relève Santé publique France dans sa dernière analyse de risque : « elle était de 2,3 % entre le 24 novembre et le 24 décembre, contre 3,4 % entre le 25 décembre et le 24 janvier ».
Au Danemark, où il est désormais dominant, BA.2 a été détecté pour la première fois le 5 décembre et sa prévalence a, depuis, augmenté plus rapidement que celle de BA.1, identifié dans le pays le 25 novembre. Pour estimer les dynamiques de transmission de ce sous-variant d’Omicron, des chercheurs danois* ont analysé les transmissions au sein des foyers.
Des non-vaccinés encore plus susceptibles d'être infectés
Prépubliée sur « MedRxiv », leur étude a porté sur 8 541 cas de Covid-19 détectés entre le 20 décembre et le 18 janvier, dont 2 122 infectés par BA.2. Pour l’ensemble de ces cas, 17 945 cas secondaires potentiels (membres des foyers des cas), ont été suivis pendant 7 jours. Parmi eux, 5 702 ont été infectés pendant la période : 3 910 cas positifs parmi les 13 358 membres du foyer d’un sujet infecté par BA.1 et 1792 positifs parmi les 4 587 cas secondaires BA.2. Le taux d'attaque secondaire a ainsi été estimé à 29 % et 39 % dans les ménages infectés, respectivement par BA.1 et BA.2.
« La sensibilité des cas secondaires potentiels était plus élevée chez les non-vaccinés et plus faible parmi les vaccinés avec un rappel, mais l'effet de la vaccination semble être plus faible pour BA.2 que pour BA.1 », observent les auteurs, relevant également « une transmissibilité plus faible dans les ménages BA.1 et BA.2 lorsque le cas primaire a été vacciné en rappel plutôt que complètement vacciné ». Les chercheurs ont également observé une transmissibilité accrue dans les ménages BA.2 des cas primaires non-vaccinés par rapport aux ménages BA.1 (OR de 2,62) .
« Les résultats indiquent que la propagation rapide de BA.2 peut être attribuée à une infectiosité accrue du variant », conclut un communiqué de l’Autorité danoise de contrôle des maladies infectieuses, le Statens Serum Institut (SSI). « Intrinsèquement beaucoup plus transmissible que BA.1 », BA.2 possède également « des propriétés d'évasion immunitaire qui réduisent davantage l'effet protecteur de la vaccination contre l'infection, mais n'augmentent pas sa transmissibilité chez les personnes vaccinées », ajoutent les auteurs.
L'efficacité vaccinale serait similaire pour BA.1 et BA.2
En parallèle de cette publication, l’agence sanitaire britannique (UKHSA) propose également une évaluation du taux d’attaque secondaire observé avec le sous-variant BA.2, dans une note technique publiée le 28 janvier. Le taux d’infection des cas secondaires (membres du ménage) a été mesuré à partir de cas infectés par BA.2 détectés entre le 27 décembre et le 11 janvier. « Le taux d'attaque secondaire parmi les contacts des cas BA.2 dans les ménages (13,4 %) est plus élevé que pour les autres cas d'Omicron (10,3 %) », est-il indiqué.
La note donne également un premier aperçu de l'efficacité des vaccins face à BA.2. Contre la maladie symptomatique, l'efficacité était similaire pour BA.1 et BA.2, est-il noté. « Après deux doses, l'efficacité était de 9 % et 13 %, respectivement pour BA.1 et BA.2 à 25 semaines. Ce chiffre est passé à 63 % pour BA.1 et 70 % pour BA.2, deux semaines après un rappel », est-il précisé.
Au vu de ces données préliminaires, « on pourrait s'attendre à ce qu'il devienne dominant au Royaume-Uni dans les prochaines semaines, comme il l'a fait récemment au Danemark, commente, auprès du Science Media Center, John Edmunds, épidémiologiste à la London School of Hygiene & Tropical Medicine. Cela pourrait bien prolonger cette vague d'infection, voire entraîner un autre pic ». La question clé est de « savoir si ce variant est associé à une maladie plus grave », ajoute le virologue Jonathan Ball (université de Nottingham), soulignant que les premières données « suggèrent que les vaccins fourniront des niveaux de protection similaires à ceux que nous avons vus pour Omicron ».
* Université de Copenhague, Statistics Denmark, Université technique du Danemark et Statens Serum Institut (Autorité danoise de contrôle des maladies infectieuses)
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