O N sait que des facteurs nutritionnels intervenant au cours de la croissance précoce influent sur la maladie coronaire. Bien que l'allaitement maternel ait été associé à une réduction du risque de maladies cardio-vasculaires, une étude a montré que les bébés nés dans les premières années du XXe siècle, et qui ont été allaités pendant plus d'un an (habitude relativement courante à cette époque), ont un taux accru d'accidents ischémiques lorsqu'ils atteignent l'âge de 60-70 ans, (Fall et coll., « BMJ », 1992 ; 30 : 801-805).
Les babouins nourris à l'occidentale
D'un autre côté, des études chez les babouins nourris à l'occidentale à l'âge adulte montrent un profil lipidique anormal et davantage de stries lipidiques lorsqu'ils ont été préalablement nourris au sein que lorsqu'ils ont eu un allaitement artificiel.
C.P. Leeson et coll. se sont intéressés à l'influence de la durée de l'allaitement maternel sur l'émergence plus tardive des maladies cardio-vasculaires. Ils ont mené une étude chez 331 adultes jeunes (171 femmes et 160 hommes), âgés de 20 à 28 ans, nés à la maternité de Cambridge. Ils ont évalué la distensibilité de l'artère brachiale en l'associant aux données concernant l'allaitement, le profil lipidique ainsi que d'autres facteurs de risque cardio-vasculaire.
Plus la période d'allaitement au sein est longue, moins la paroi artérielle est distensible à l'âge adulte (coefficient de régression de - 3,93 microns/mois, p = 0,02). Il n'existe pas de différence significative entre les hommes et les femmes. Les participants qui ont été nourris exclusivement au sein pendant moins de quatre mois ont une distensibilité identique à ceux qui ont été nourris au biberon. La relation inverse entre la durée d'allaitement et la raideur de la paroi artérielle ne s'observe qu'au-delà de quatre mois d'allaitement (distensibilité pour les allaités au sein pendant quatre mois et plus de 0,1200 mmHg, versus 0,1388 mmHg en deçà de cette durée ou bien en cas d'allaitement artificiel).
« Ces résultats n'établissent pas de relation causale entre la durée de l'allaitement maternel et l'émergence des maladies cardio-vasculaires », font observer les auteurs.
Il n'y a pas de lien entre la durée de l'allaitement et le profil lipidique, la taille des sujets, l'indice de masse corporelle, le tabagisme, la tension artérielle, la classe sociale, le poids à la naissance, la prévalence des atteintes cardio-vasculaires précoces dans la famille.
Comme ce sont de jeunes adultes qui ont été objets de l'étude, les résultats ont peu de risque d'être entachés d'erreurs dues aux facteurs cardio-vasculaires observés dans les cohortes plus âgées.
La distensibilité de l'artère brachiale
L'allaitement maternel est généralement considéré comme optimal pour les nouveau-nés. De fait, cette étude ne remet pas en question ces avantages : diminution du risque d'atopie, protection contre les infections dans les pays en développement, diminution de la mortalité infantile, meilleure croissance, amélioration du développement cognitif, protection contre l'émergence plus tardive d'un diabète insulinodépendant dans les pays développés et aussi contre les maladies digestives inflammatoires, la maladie coeliaque, le lymphome... Récemment, la consommation de lait maternel chez des prématurés a été associée à une diminution de la tension artérielle à l'adolescence.
« Ces résultats ne doivent pas modifier les recommandations en faveur de l'allaitement maternel », soulignent les auteurs.
« British Medical Journal », vol. 322, 17 mars 2001, pp. 643-647 et commentaire pp. 625-626.
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