Alzheimer : une méthode basée sur la TEP évalue la perte synaptique in vivo

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Publié le 16/07/2018
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Crédit photo : S. Toubon

Une technique d'imagerie permet d'évaluer in vivo la densité synaptique chez des patients atteints de la maladie d'Alzheimer, selon une étude menée par des chercheurs américains de l'université de Yale, et publiée dans « JAMA Neurology ».

La perte synaptique, qui survient dans la maladie d'Alzheimer, est un indicateur connu du déclin cognitif. Jusqu'à maintenant, l'évaluation de ce phénomène était surtout réalisée sur les tissus cérébraux postmortem. Pour quantifier la perte synaptique, les chercheurs ont utilisé ici la tomographie par émission de positons (TEP) haute résolution associée au radioligand 11C-UCB-J. Ce traceur se lie à la Synaptic Vesicle glycoprotein 2A (SV2A), une protéine qui se trouve au niveau des synapses.

Une réduction de 41 % de la densité synaptique dans l'hippocampe

« La présente étude a démontré, pour la première fois, que l'imagerie TEP non invasive avec 11C-UCB-J est capable de mesurer les réductions de la densité synaptique in vivo dans l'hippocampe des individus atteints de trouble cognitif léger amnésique et de maladie d'Alzheimer modérée », résument les auteurs.

Entre novembre 2015 et juin 2017, 21 participants ont été inclus : 10 atteints de la maladie d'Alzheimer (5 avec trouble cognitif léger amnésique et 5 avec démence légère ; âge moyen 72,7 ans) et 11 personnes n'ayant pas de troubles cognitifs (âge moyen 72,9 ans). Chacun a reçu une injection de 11C-UCB-J. La TEP a permis de visualiser la densité synaptique en mettant en évidence la protéine SV2A.

Une réduction significative de 41 % de la liaison 11C-UCB-J-SV2A a été mise en évidence dans l'hippocampe des patients atteints de maladie d'Alzheimer en comparaison aux sujets sans troubles cognitifs. Ces résultats suggèrent une réduction de la densité synaptique dans cette région cérébrale associée à la mémoire.

Une réduction de la liaison 11C-UCB-J-SV2A a également été observée dans le cortex entorhinal des patients Alzheimer, mais elle peut être due à l'atrophie de cette région liée à la maladie, contrairement à l'hippocampe, pour lequel la perte synaptique reste significative après correction pour l'atrophie.

Une mesure directe de la densité synaptique

Les auteurs estiment que « la TEP-11C-UCB-J peut fournir une mesure directe de la densité synaptique dans la maladie d'Alzheimer in vivo et donne des résultats compatibles avec les recherches neuropathologiques antérieures ».

« La capacité à mesurer la densité synaptique in vivo pourrait accélérer le développement de traitements "disease-modifying" pour la maladie d'Alzheimer, en particulier ceux ciblant la préservation et la restauration des synapses », soulignent-ils.

Cette nouvelle technique d'imagerie ciblant SV2A pourrait également avoir un intérêt dans d'autres pathologies neurologiques et psychiatriques.


Source : lequotidiendumedecin.fr