Trois explosions, à l’aéroport et dans le métro de Bruxelles, ont plongé ce mardi matin la capitale européenne dans le chaos ; président de l association de victimes « Fraternité et vérité », le Dr Georges Salines, père de Lola, morte sous les balles des jihadistes au Bataclan, réagit en tant que « porte-voix de tous les citoyens, car les victimes, dit-il, par expérience, sont en première ligne ».
Reçu par François Hollande
Et il affiche un jugement critique sur les actions antiterroristes : « Nous avons eu certes la satisfaction d’être reçus hier par le président de la République qui, après un premier refus, semble nous avoir enfin entendus ; c’est important, car l’action doit être impulsée au plus niveau de l’État », déclare-t-il au « Quotidien », prenant acte de la promesse faite par François Hollande d’une nouvelle rencontre avant l’été. « On va suivre de très près l’exécution des différentes mesures. »
Création d’un guichet unique pour coordonner l’accès à l’information et le suivi des victimes, mise en place d’un réseau de référents uniques, ainsi que d’un numéro de téléphone centralisant l’ensemble des informations, site Internet où les victimes et leurs proches pourront télécharger les formulaires administratifs, les remplir et les transmettre le plus rapidement possible aux services concernés, autant de dispositions que réclamait « Fraternité et vérité », « mais ça ne suffit pas, juge le Dr Salines : un numéro de téléphone qui répond, c’est mieux qu’un numéro d’urgence qui sonne dans le vide, comme la nuit du 13 novembre, mais l’intervention d’une personne physique pour l’annonce et pour les démarches serait indispensable. Tout aussi nécessaire serait l’interconnexion des bases de données : aujourd’hui, les systèmes informatiques des hôpitaux civils et militaires, de l’IML, des divers services de santé ne se parlent pas entre eux. »
Hérissé par la surenchère sécuritaire
« Nous défendons les victimes, mais, souligne le Dr Salines, nous voulons aussi engager les pouvoirs publics à prendre les mesures nécessaires pour éviter que les attentats ne se reproduisent. De ce point de vue, si des mesures de sécurité circonstanciées s’imposent, je suis hérissé par une certaine surenchère sécuritaire. Ce n’est pas en vivant à l’israélienne, avec des moyens militaires déployés partout dans les transports et les lieux collectifs que nous serons durablement protégés du risque terroriste. »
Il poursuit : « Le président nous a remerciés pour ne pas appeler à la vengeance, mais à l’humanité, pour construire une société meilleure, combler les fossés, essayer de créer du lien social et de comprendre les causes profondes du terrorisme. »
Le Dr Salines juge « l’effort de déradicalisation » qui a été entrepris « indéniablement utile » mais que « ses limites sont quelque peu microscopiques. Un peu partout, des Molenbeek existent, pas seulement en Belgique, mais en France aussi, et nous devons nous efforcer d’y renouer les liens, économiques et sociaux, qui sont distendus entre certaines communautés et l’esprit républicain ».
« De ce point de vue, estime le président de « Fraternité et vérité », le débat sur la déchéance de nationalité va à l’opposé de ce que nous demandons : au lieu de distinguer les binationaux comme des Français différents, il faut leur proposer les moyens concrets de devenir des Français à part entière. »
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