18 mois après la reprise en main du dossier par les ARS, le paysage de la permanence de soins est-il bouleversé ? Pas encore. Du moins dans la plupart des endroits. Le traditionnel état des lieux annuel de la pds fourni par l’Ordre montre que les Agences régionales de santé avancent à tâtons, parfois avec maladresse et en tout cas avec lenteur dans ce dossier qui constitue après tout leur premier contact avec la médecine de ville. Résultat : dans la plupart des départements, c’est plutôt le statu quo qui prévaut pour les gardes. Mais attention ! Notre dossier montre que les occasions de frictions entre les médecins et leur nouvelle tutelle régionale sont de plus en plus fréquentes, à mesure que les ARS s’avancent sur ce terrain miné.
Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement dans la situation financière et le contexte démographique actuels ? Certes, le bilan de l’Ordre contient quelques bonnes nouvelles : ne serait-ce qu’une fois encore la preuve de l’investissement d’une majorité de généralistes sur le terrain. On retiendra aussi une tendance de fond, dont peu de médecins devraient a priori se plaindre : la garde en nuit profonde est, doucement mais sûrement, en voie de disparition. Enfin, il faut bien sûr se féliciter que certaines ARS aient profité des souplesses nouvelles mises à leur disposition en troquant réduction des secteurs contre revalorisation des effecteurs ou des régulateurs. Mais elles ne sont pas nombreuses. Et l’Ordre juge timides ces tentatives de sortir des clous.
Par les temps qui courent, les ARS ne semblent en réalité pas avoir beaucoup de marge de manœuvre. Au plan budgétaire, d’abord, corsetées qu’elles sont dans des enveloppes étroites, qui les contraignent en permanence à déshabiller Pierre pour habiller Paul. La plupart des bisbilles entre médecins et ARS tient à ce facteur coût qui semble devenu une obsession pour les patrons d’Agences. Cela n’explique pas tout. Le plus préoccupant sans doute est que les vieilles recettes ne fonctionnent plus. Alors qu’un tiers des secteurs de garde a déjà été supprimé au cours des huit dernières années, l’Ordre souligne que la resectorisation a atteint ses limites. Toutes les ARS ne semblent pas l’avoir compris. Plus grave encore : année après année, le nombre de généralistes volontaires diminue. Et pour cause... La profession vieillit et on sait bien que dans les années qui viennent les choses ne s’arrangeront pas... Tout cela imposera à terme un remodelage de la pds. Mais les ARS devront le faire avec infiniment de doigté...
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