M IS dès maintenant à la disposition du corps médical français, UFT a obtenu une AMM en France en février pour le traitement de première intention du cancer colo-rectal métastatique en association avec l'acide folique (AF).
UFT est composé de tégafur, une prodrogue du 5-fluoro-uracile (5FU), et d'uracile, un inhibiteur compétitif de la dégradation du 5FU. Après absorption orale, le tégafur est converti lentement en 5FU, qui se concentre de façon préférentielle dans les tissus tumoraux.
Parmi les piliers de la chimiothérapie du cancer colo-rectal, le 5FU en association à de l'acide folique est devenu ces dernières années le traitement de référence, notamment dans les formes avancées. L'administration du 5FU dans les schémas thérapeutiques standards est la voie I. V., souvent source d'inconfort, à l'origine parfois de complications telles des thromboses veineuses, des infections.
L'efficacité clinique d'UFT a été démontrée à travers deux essais cliniques randomisés internationaux multicentriques de phase III (études CA146-011 et CA146-012), réalisés sur 132 sites à travers les Etats-Unis, le Canada, l'Australie, Israël, et comparant, dans le cancer colo-rectal métastatique, un traitement par UFT/AF par voie orale à un traitement par 5FU/AF par voie I. V. L'un, très vaste (816 patients), a montré que le temps de survie globale dans le groupe UFT/AF oral était similaire à celui des patients du groupe 5FU/AF par voie I. V. (médiane de survie : 12,4 mois pour UFT/AF, contre 3,4 mois pour 5FU/AF en I. V.). L'autre essai randomisé (380 patients), qui avait pour critère principal l'analyse du temps médian jusqu'à progression, a montré que, chez les patients recevant UFT/AF par voie orale, ce temps jusqu'à progression était de 3,4 mois, contre 3,3 mois pour 5FU/AF en I.V.
La tolérance est nettement meilleure dans le groupe UFT/AF dans les deux essais.
Une tolérance nettement meilleure
L'incidence des stomatites et des mucites (tous grades), des neutropénies fébriles, des leucopénies (tous grades) et des thrombopénies a été significativement réduite. Les stomatites et mucites sévères dans l'essai CA146-011 s'élevaient à 1 % dans le groupe UFT/AF par voie orale, contre 19 % dans le groupe 5FU/AF par voie I. V. ; les neutropénies sévères s'élevaient à 1 % (groupe UFT/AF) versus 56 % (groupe 5FU/AF). Les diarrhées, principal événement indésirable dans le groupe UFT/AF, ont été moins fréquentes que dans le groupe 5FU/AF. Les patients sous UFT/AF ont eu moins besoin de médicaments d'appoint. Ce profil de bonne tolérance d'UFT est conforté par les données de pharmacovigilance rapportées au Japon chez plus de 20 000 patients.
Un progrès pour les patients
La voie orale apparaît « comme une avancée significative par rapport à un traitement traditionnel par voie intraveineuse pour les patients atteints de cancer colo-rectal métastasé », souligne le Pr Patrick Shöffski (Allemagne). Pour ces patients, très affaiblis par leur maladie, l'administration par voie orale, qui peut être prise à domicile, apparaît comme un progrès.
Dans une étude du Pr P. Shöffski, portant sur 32 patients atteints de cancer colo-rectal métastasé, qui ont reçu un cycle d'UFT/AF par voie orale et un cycle de 5FU/AF en I. V., 84 % ont déclaré préférer le traitement oral. Parmi leurs arguments : « la forme pilules » permet la prise du médicament à domicile, ce qui « interfère moins avec les activités de la vie courante » et limite hospitalisations et transports. Autres arguments : de moindres effets indésirables : moins d'angines, moins de diarrhées. Une infirmière, Carol Fordy, du Colon Cancer Concern à Londres, précise que « la prise orale rend le traitement plus facile, plus commode pour le patient, améliorant son confort, limitant les hospitalisations, réduisant considérablement la détresse de ces patients déjà très affectés par cette pathologie ».
Enfin, selon Lieven Annemans (Belgique), économiste de la santé, l'administration par voie orale réduit de façon significative les coûts de traitement (même s'il est difficile de les chiffrer avec précision), du fait d'une réduction des temps d'hospitalisation, des transports, des effets secondaires...
Londres, conférence de presse et symposium satellite organisés par les Laboratoires Bristol-Myers-Squibb lors de la conférence sur le Ccncer colo-rectal à ESO (European School of Oncology).
UFT en pratique
UFT se présente sous la forme de gélules blanches, chacune contenant 100 mg de tégafur et 224 mg d'uracile. UFT est administré en 3 à 6 gélules par jour selon la surface corporelle, soit 300 mg/m2/j de tégafur et 672 mg/m2/j d'uracile (associé à l'acide folinique, administré également par voie orale). UFT est conditionné en blisters de 3, 4, 5 ou 6 gélules, chaque blister correspondant à une journée de traitement, et chaque boîte contenant 7 blisters pour une semaine de traitement. Celui-ci est administré à distance des repas en trois prises quotidiennes pendant vingt huit jours, suivi par une semaine d'arrêt avant la reprise d'un nouveau cycle.
Bristol Myers Squibb a obtenu en 1995 la licence pour UFT gélules de Taiho Pharmaceutical Company au Japon, et détient les droits exclusifs de commercialisation dans tous les pays du monde, excepté le Japon.
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