En France, on dénombre « plus de 1500 nouveaux cas par an de cancers du testicule, avec des conséquences importantes pour ces hommes quant à leur fertilité ultérieure», avance Marie Walschaerts (Université Paul Sabatier, Toulouse) dans un article du dernier Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) consacré à la fertilité. Une autre étude du BEH montre une augmentation de 2,5% par an des patients opérés pour un cancer du testicule entre 1998 et 2008. Une augmentation notable, pour une pathologie qui reste toutefois relativement rare : elle représente 1 à 2% des cancers chez l’homme, mais est le premier cancer de l’homme jeune, entre 20 et 35 ans.
Par ailleurs, on note également une augmentation certaines malformations génitales masculines, comme les chryptorchidies ou, à moindre échelle les hypospadias. « Le taux d’opérations chez les garçons de moins de 7 ans a augmenté de 1,8% par an en métropole pour les cryptorchidies ; et de 1,2% pour les hypospadias » indique Florence Suzan (Invs).
Spermatozoïdes en petite forme
Dernier constat inquiétant livré par le BEH cette semaine : on observe une décroissance de la qualité du sperme chez les candidats au don de sperme dans certaines régions françaises. Observation corroborée à Paris et à Tours, mais pas vraiment à Toulouse, selon trois études menées par divers CECOS régionaux. « A Paris, entre 1973 et 1992, on note une baisse significative de la concentration de spermatozoïdes de l’ordre de 2,1% par an », indiquent Louis Bujan et Jacques Auger, auteurs de cette analyse. Des résulatts similaires ont été retrouvés au CECOS de Tours, dans une étude menée de 1976 à 2009. Cependant, à Toulouse, le CECOS a mené un travail sur 300 hommes, sans noter de diminution dans le temps, de la concentration spermatique, mais la concentration moyenne en spermatozoïdes était plus basse à Toulouse qu’à Paris » évoquent Louis Bujan (CHU de Toulouse) et Jacques Auger (hopital Cochin, Paris).
Des facteurs de risque à rechercher in utero...
Toutes ces constatations mènent à s’interroger sur les facteurs de risque pouvant être à l’origine de ces pathologies de la sphère reproductive masculine. Et la communauté scientifique semble s’accorder pour une hypothèse multifactorielle, notamment environnementale. En outre, notamment en ce qui concerne le cancer du testicule, une explication en partie génétique est également avancée.
Les expositions environnementales délétères pour la fertilité masculine sont surviennent d’abord au cours de la vie in utero. Lors de l’exposition au cours de la vie intra utérine, un certain nombre de facteurs ont en effet été associées à un risque de cancer du testicule : tabagisme maternel, utilisation d’hormones, diéthylstilbestrol, perturbateurs endocriniens. Idem pour la baisse spermatique qui pourrait avoir en partie ses origines dans le tabagisme maternel (une exposition associée à une diminution d’environ 20% de la concentration spermatique par rapport a des hommes nés de femmes n’ayant pas fumé pendant la grossesse). Mais aussi, la consommation d’alcool ou importante de viande rouge durant la grossesse aurait un impact sur la diminution de spermatogenèse.
...et au cours de la vie adulte
Les expositions environnementales durant la vie adulte semblent également en cause. Des associations significatives, mais à petite échelle, ont ainsi été observées entre cancer du testicule et certaines professions : agriculteurs, métallurgistes, contrôleurs de trafic des chemins de fer, ingénieurs électriciens, hommes exposés à certains insecticides… Pour la baisse de la fertilité masculine, les résultats les plus probants dans les études concernent les expositions professionnelles aux pesticides à des doses élevées dans les années 70 susceptibles d’accroitre fortement le risque d’azoospermie: il s’agit notamment des expositions au plomb, aux éthers de glycols dibromure d’éthylène autrefois utilisé dans les carburants et les pesticides, au disulfide de carbone… De même, les rayonnement ionisants, l’exposition à des circonstances pouvant entrainer une augmentation de la température scrotale, ainsi que le stress, sont des facteurs de risque étudiés.
Enfin, d’autres facteurs, en relation avec le style de vie, comme le surpoids, peuvent également être impliqués. Aujourd’hui, les recherches sur ces facteurs environnementaux doivent être poursuivies afin de mieux cerner leurs effets toxiques pour la santé et la fertilité.
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