Douze ans après la crise de 2003, la gestion de la canicule 2015 relèverait-t-elle d’un sans faute de la part des pouvoirs publics ? Le fait est que le gouvernement s’est immédiatement mobilisé rappelant, via la DGS, les consignes sanitaires. Manuel Valls a donné lui même l’exemple, se rendant même mercredi à l'Institut médicalisé de l'Association Notre-Dame de Joye à Paris (14e arrondissement), puis dans un ehpad du XIIIe arrondissement. Marisol Touraine, qui l’accompagnait, devait réitérer le lendemain cette démarche en se rendant ce jeudi dans un Ehpad de Lyon. Vendredi, la ministre de la santé réunira le matin le Comité de suivi et d'évaluation du Plan national canicule (CSEP) et elle se déplacera ensuite visiter un accueil de jour du Samu social de Paris l’après-midi puis une de ses maraudes de jour dans la caiptale.
Situation tendue aux urgences
Sur le front sanitaire, la canicule a fait peu de surmortalité apparente jusqu’à présent. Mais la vigilance reste de mise : "Nous n’avons pas d’effet canicule pour l’instant, ce qui est logique puisqu’il faut plusieurs jours pour ressentir les effets" tempère François Braun, président du SAMU-urgences de France. Selon lui, le Samu a néanmoins "constaté une augmentation de 10% du nombre d'appels dans les départements classés orange, des appels pour avoir des conseils par téléphone, mais ne nécessitant pas - à part exception - de déplacement", a-t-il ajouté. "Dans les services d'urgence la situation est tendue mais il n'y a pas de pic d'activité notable", conclut-il. Pour sa part, Patrick Pelloux estime qu’au Samu de Paris, "il y a eu une surchauffe mercredi au niveau des appels". Selon l’urgentiste, "les pompiers sont beaucoup intervenus pour des problèmes de malaise et de déshydratation sur les chantiers, chez les personnes âgées et dans les trains" et "il y a probablement eu les premiers décès liés à l'hyperthermie". Mais "si on fait une bonne politique de prévention (...) on peut comme en 2006 éviter à peu près la moitié des morts". Au plan local, certaines villes comme Strasbourg, ont installé leur "QG canicule", une dizaine d’agents étant spécialement recrutés afin d’interroger des personnes âgées, handicapées, isolées figurant sur un registre de 1 7 000 personnes vulnérables.
En fait-on assez pour les personnes âgées ?
Et pourtant, il y a déjà des fausses notes. En écho aux propos de Manuel Valls, qui déclarait que "la solidarité devait jouer à plein" face à la canicule, l’association AD-PA qui représente les directeurs de service à domicile pour personnes âgées et maisons de retraite rappelle le gouvernement à ses engagements non tenus. Et de réclamer de lui de "mettre en œuvre la solidarité qu’il appelle de ses vœux en créant un fonds de soutien à domicile, 200 000 emplois pour mieux aider nos aînés au quotidien, et une prestation autonomie afin de réduire les coûts supportés par les personnes âgées et leurs familles". L’association met également en avant "les retards pris par la France depuis de nombreuses années dans l’aide aux personnes âgées" . Et elle en veut pour preuve, "le drame des 16 000 morts de la récente épidémie de grippe" qui "a montré que les choses ont bien peu évolué concernant ces retards français depuis la canicule de 2003, en matière de notamment de moyens humains auprès de nos aînés". Dans un communiqué, elle estime que "si la situation s’est légèrement améliorée en établissements, elle s’est dégradée à domicile du fait de l’inertie des pouvoirs publics face à la crise majeure que vivent les acteurs de l’aide à domicile".
P comme pollution... et comme Paris !
L’autre conséquence de ces fortes températures, est l’arrivée d’un début de pollution à l’ozone et notamment à Paris et dans la région Rhône-Alpes. Avec, comme d’habitude en pareilles circonstances, un début de polémique entre d’un côté Anne Hidalgo, la maire de Paris et Jean-Paul Huchon, le président du conseil régional Ile-de-France et de l’autre, le préfet de police de la capitale. La première demande déjà "le contournement de l’Ile-de-France par les poids lourds de transit et d’abaisser les limitations de vitesse sur les grands axes", le second répond "qu’en l’absence de dépassement du seuil d’alerte", il n’est pas possible de prendre des mesures restrictives de circulations... Bis repetita...
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