Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publiée en 2010, les médecins arrivent en troisième position parmi les métiers de proximité. Reste que toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne en terme de densité médicale. Ainsi, vingt-sixième région sur vingt-six, la Picardie accuse-t-elle un déficit de 250 généralistes et d’autant de postes hospitaliers par rapport à la moyenne nationale ! Pour attirer des médecins, l’agence régionale de santé (ARS) travaille sur les « attentes implicites des médecins. À savoir, la sécurité, la mobilité professionnelle, le respect de la vie privée et la proximité avec les autorités de contrôle », explique Christophe Jacquinet, directeur de l’ARS. L’objectif est d’encourager l’exercice collectif et pluridisciplinaire : vingt-huit projets de maison de santé sont à l’étude et treize devraient voir le jour d’ici à la fin 2013. Une tendance saluée par le Pr Yvon Berland qui avait introduit la notion de transfert de compétences dans son rapport sur la démographie médicale en 2002 : « Il faut recentrer les médecins sur leur cœur de métier et revisiter des métiers socles comme les masseurs-kinésithérapeutes et les infirmières, en leur donnant des compétences et une formation. Il faut également imaginer de nouveaux métiers par grand champ d’intervention. » Mais le chantier reste à ce jour encore largement ouvert : « On en est à la définition des métiers socles et on achoppe sur la place à leur donner au sein des études LMD (Licence-master-doctorat) », reconnaît le Pr Yvon Berland. En attendant, l’ARS de Picardie et celle des Pays-de-Loire se sont rapprochées des conseils généraux pour renforcer la formation professionnelle des infirmiers sur le territoire.
Encourager les coopérations
En Pays-de-Loire, l’ARS mise sur les relations entre les différents professionnels de santé, car « la discussion de l’organisation des soins de premier recours avec tous les acteurs entraîne un nécessaire repositionnement des uns par rapport aux autres », avance Marie-Sophie Desaulle, directrice générale de l’agence. Outre les maisons de santé (cinquante projets en cours), l’ARS expérimente donc des rémunérations au forfait en cas d’exercice pluridisciplinaire. Elle transmet également à la Haute Autorité de santé (HAS) des protocoles de coopération sur l’exercice partagé (autrement dit, la délégation de tâches) dans des domaines tels que le suivi du cancer ou des dialyses. Pour finir, l’agence des Pays-de-Loire a aussi conclu des contrats avec les cinq Adops (Associations départementales d’organisation de la permanence des soins) portant sur une expérimentation visant à développer la permanence des soins ambulatoires.
Comment rendre les territoires attractifs
Dernier levier sur lequel cherchent à peser les ARS pour contrer la pénurie de professionnels de santé : l’attractivité du territoire. « Nous cherchons à encourager l’exercice collectif hospitalier afin d’attirer de jeunes médecins avec des plateaux techniques plus importants et visibles. Notre logique consiste à placer une communauté hospitalière de territoire (CHT) dans chaque territoire de santé, lequel ne doit donc pas être trop grand, pour servir une stratégie de groupe hospitalier public », ambitionne ainsi le directeur de l’ARS de Picardie.
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