ARTS
PAR JEAN-JACQUES LEVEQUE
L E cautionnement d'un musée, d'une fondation, de toute institution, ne doit jamais interdire au spectateur son libre jugement et la présence en des lieux de confirmation d'une uvre n'est, après tout, que l'option d'un responsable qui peut s'égarer, se leurrer lui-même et contresigner un choix contestable.
Il ne faut jamais perdre de vue cette relativité quand on visite une exposition enrobée du prestige du lieu qui la propose. Et c'est bien ainsi qu'il convient de voir l'exposition proposée par la fondation Daniel et Florence Guerlain : une « Histoire de cur, la collection Michel Poitevin » (1).
D'emblée le ton est donné, et la sincérité du propos excuse le scepticisme que peut inspirer un choix qui, d'être si radicalement immergé dans l'art le plus contemporain, n'échappe pas aux modes en cours, à un ton « branché » qui exclue de son regard la pratique de la peinture pure et qui privilégie les marges de l'expression dans les multiples médias mis aujourd'hui à la disposition du créateur.
Photographie, objets, vidéos, installations envahissent notre champ visuel, et le musée vide ses cimaises pour ces formes d'art, dont nul ne peut prétendre qu'elles sont sans avenir. Elles donnent simplement l'impression d'avoir assez rapidement trouvé leurs limites. Liam Gillick, Sophie Calle, Phiee Huyghe, Gabriel Orozzo, Fabrice Gygi et quelques autres sont ainsi des options d'un collectioneur dont les élans du cur ont au moins le mérite de se concrétiser en rencontres artistiques qu'il fait partager.
Les collectioneurs, qui ont ces dernières années participé à l'enrichissement du Musée de Tours (2), sont infiniment plus traditionnels en leux choix. Cela va des croquis de mode de Yvonne de Kerstrat-Davidson à une poignée de dessins d'Alphonse Gaudar de Laverdine, ou encore des dessins d'artistes du XXe siècle liés d'une manière ou d'une autre à la Touraine : Alfred Grevin, Lucien-Emile Porcheron, Lilian Whitteker, Jeanne Besnard-Fortin, Colette Beleys, en passant par des uvres de grand format d'Olivier Debré qui a été très généreux pour le musée.
Un choix éclectique qui a le mérite de souligner les rapports de sympathie qui peuvent se créer entre le musée et son public. Sans donateur, le musée serait privé de bien de ses richesses. Il est normal que, pour une fois, ce soit lui qui soit à l'honneur, d'où cette exposition : « Hommage aux donateurs ».
« Histoire de cur. Collection Michel Poitevin ». Fondation d'art contemporain Daniel et Florence Guerlain, 5, rue de la Vallée, 78490 Les Mesnuls. Jusqu'au 8 mai.
« Hommage aux donateurs ». Musée des beaux-arts de Tours. Jusqu'au 30 avril.
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