Le Généraliste. Quel est, selon vous, le point commun entre la légalisation de l’euthanasie, l’élargissement de l’assistance médicale à la procréation (AMP) aux femmes homosexuelles et la gratuité de la contraception pour les mineures ?
Christine Boutin. D’habitude ce sont des questions qui sont portées par des lobbys. Or c’est plutôt une bonne chose que ces questions de fond soient aujourd’hui posées au sein de la campagne et qu’il y ait un positionnement clair des acteurs politiques. À chaque fois, la question de la dignité de la personne humaine est posée. La réponse doit être donnée sous l’éclairage de la fragilité. Que ce soit l’enfant, l’embryon, la personne en fin de vie, le plus fragile doit être protégé. Je ne souhaite pas que les lois de bioéthique soient modifiées. Quant à la «loi Leonetti», elle est parfaite. A la logique économique qui transforme en objet de commerce, il faut opposer une logique humaniste.
En décalage par rapport à ses voisins européens, la France doit-elle bouger ?
C.B. La France est le pays des Droits de l’Homme. Nous n’avons pas vocation à suivre, sans discernement, nos voisins européens. Nos choix doivent être guidés par des critères éthiques et non par des effets de mode. Si certains vont à l’étranger, c’est leur responsabilité. Je ne suis pas favorable à la fécondation in vitro (FIV), même en cas de stérilité médicalement constatée. Je défends le droit de l’enfant et pas le droit
à l’enfant ! Tout désir n’a pas à être satisfait. Je souhaiterais d’ailleurs que l’adoption soit tout simplement interdite pour les personnes seules. La famille, c’est un homme et une femme.
Quelle est, selon vous, l’évolution la plus inéluctable ? Et le dossier qui est le moins susceptible de progresser ?
C.B. Rien n’est inéluctable. François Hollande propose une politique libertaire qui remet en cause les fondements de notre civilisation. Nicolas Sarkozy, de façon ferme et un peu contre tous, propose, dans un monde en mouvement, de conserver les fondamentaux. Les Français vont voter sur un choix de société. Pour cette raison, j’ai fait alliance avec Sarkozy. Les propositions de Hollande ne coûtent pas un centime et n’ont pas de conséquences dans l’immédiat, mais on propose aux générations à venir un autre monde, un monde inhumain. L’enjeu du 6 mai est le suivant : quelle société voulons-nous transmettre à nos enfants et à nos petits-enfants ?
Quel est le dossier qui vous tient le plus à cœur ?
C.B. L’affirmation de la différence sexuelle : il y a l’homme et il y a la femme. Aujourd’hui, on veut nier cette altérité avec la théorie du genre (selon laquelle la distinction entre homme et femme, ainsi que l’hétérosexualité, serait avant tout une construction sociale et culturelle, Ndlr). Le mariage gay n’est qu’une application de cette théorie.
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