C’est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé. Tout a commencé en mai lorsque la HAS a retiré la recommandation conjointe avec l’Afssaps sur le traitement du diabète de type 2, sur injonction du Conseil d’Etat : quatre déclarations d’intérêts de participants au groupe de travail n’avaient pu être produites au débat. Dans la foulée, la HAS annonçait un renforcement de ses exigences en matière d’indépendance pour restaurer la confiance avec les usagers du système de soins malmenée par le maelström Mediator.
Depuis lors, la situation confine parfois au maccarthysme sanitaire. Les agences retoquent les experts à la moindre suspicion, du moins officiellement.... Et ce n’est pas tout. Les spécialistes y seraient désormais, dit-on, recrutés moins pour leurs compétences cliniques que pour leur appartenance à une « zone verte ». Les agences se retrouvent à devoir recruter des médecins retraités forcément plus éloignés de la clinique et de la recherche ou alors, carrément, des chefs de clinique?!
Ubuesque fut la démission en bloc de l’Afssaps du groupe de travail sur les anti-infectieux en décembre dernier. Ces infectiologues travaillaient sur l’actualisation des recos sur l’antibiothérapie dans les infections respiratoires hautes, qui dataient de 2004, en vue de les mettre en conformité avec l’évolution de l’écologie bactérienne et pour limiter l’émergence et la diffusion de nouvelles résistances. Gros travail, mais refus de publication du patron de l’AFSSAPS, au motif que certains experts avaient des liens d’intérêt avec des firmes pharmaceutiques. Le paradoxe est qu’en réalité leurs recos ne poussent pas en faveur de l’utilisation de molécules récentes non génériques ! Elles seront, en fin de compte, publiées sur le site des sociétés savantes d’infectiologie (nous les présentons page 23). Mais, au train où vont les choses, on peut se demander si les recos ne finiront pas un jour par échapper aux agences. Les sociétés savantes les rédigeraient et les publieraient. Et c’en serait fini de la belle dynamique interprofessionnelle qui présidait à l’élaboration de ces travaux.
Au final, on peut d’ailleurs se demander si le conflit d’intérêts n’est pas tant dans le camp des
experts que dans celui des pouvoirs publics ? Forcément, à quelques mois des élections présidentielles, « javelliser » ainsi la sécurité sanitaire interroge.
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