Moins de biopsie, des traitements

Des progrès pour le foie

Publié le 19/10/2015
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« La prise en charge des lésions tumorales du foie a considérablement évolué. Grâce aux progrès de la radiologie, on fait de moins en moins de biopsies hépatiques, car l’imagerie permet de caractériser davantage tumeurs. Quant au traitement, on devient de plus en plus concurrentiel de la chirurgie, même si cette dernière garde encore bien sûr de nombreuses indications », indique le Pr Jean-Pierre Tasu, président de la Société d’imagerie abdominale et digestive (SIAD) et chef du pôle d’imagerie du CHU de Poitiers. Désormais, grâce aux progrès du scanner, de l’IRM et de l’échographie de contraste, nous pouvons diagnostiquer la plupart des tumeurs bénignes sans réaliser de biopsies hépatiques. Cela permet d’arrêter la surveillance et de rassurer le patient ».

Le carcinome hépatocellulaire (CHC), cancer primitif du foie le plus fréquent, fait partie de ces rares qu’il est possible de traiter sans preuves anatomopathologiques, simplement à partir des données de l’imagerie. Le Pr Tasu indique que pour cette tumeur, les traitements radiologiques ont pris une place majeure dans la prise en charge de ces patients : « on peut repérer la tumeur et la brûler par radiofréquence ou par micro-ondes. Cela permet de délivrer un traitement curateur sans opérer le patient, simplement en plaçant une ou des aiguilles par voie percutanée ».

Bénéfices sur la survie

La radiologie interventionnelle est également utilisée pour des traitements plus palliatifs, visant à ralentir l’évolution de la maladie. « Une fois posé le diagnostic, par le biais d’un cathéter placé dans l’artère hépatique, l’association d’une embolisation de cette artère et d’une chimiothérapie (chimio-embolisation) permet d’augmenter la survie des patients. Pour les métastases hépatiques, il existe maintenant également de nombreuses options de radiologie interventionnelle qui ont démontré un bénéfice en termes de survie : chimio-embolisation des métastases de tumeurs endocrines, chimiothérapie intra-artérielle des métastases de cancer colorectal – le but étant alors d’en mettre plus tout en limitant les effets secondaires d’une chimio classique IV – ou encore radio-embolisation », précise le Pr Tasu.

Encore chère et non remboursée, cette dernière technique n’est pour l’instant proposée que dans certains centres experts, chez des patients sélectionnés. « Au-delà de la question financière, cela nécessite une forte expertise radiologique pour préparer l’injection du produit radioactif. L’objectif est, un peu comme pour la curiethérapie, de libérer localement, directement dans la tumeur, de fortes doses de rayonnement (200 Gray ou plus, doses non accessibles en percutané) à l’aide de petites billes chargées d’yttrium 99 injecté directement dans l’artère hépatique. La technique est très intéressante dans certains cas particuliers et vient s’ajouter aux autres méthodes de traitement des tumeurs du foie », estime le Pr Tasu, en ajoutant que de nombreux protocoles sont en cours et commencent à montrer le bénéfice de ces traitements radiologiques, sur la survie des patients.

D’après un entretien avec le Pr Jean-Pierre Tasu, président de la Société d’imagerie abdominale et digestive (Siad) et chef du pôle d’imagerie du CHU de Poitiers
Antoine Dalat

Source : Bilan spécialiste