Dessins sans frontières

Publié le 01/03/2001
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ARTS

L E fonds des dessins du musée d'Angers compte parmi les plus beaux ensembles conservés aujourd'hui en France. Six mille feuilles y sont recensées, qui font l'objet, ici de publication, là d'exposition, tant est vaste l'éventail et séduisant le choix.

Un livre publié chez Somogy (1) a retenu 80 dessins couvrant plusieurs siècles, de Poussin à Boudin, en passant par Le Brun, Boucher, Fragonard, David d'Angers (en toute logique), David et Géricault.

De son côté, le musée Malraux du Havre (2) propose sous le titre « des Dieux et des Hommes (1780-1850) », un ensemble de 27 dessins accompagnant 27 peintures en provenance du musée d'Angers, centrés sur le néoclassicisme.
C'est que des artistes angevins furent aux avant-postes de ces nouvelles tendances dans la première moitié du XIXe siècle, dont David d'Angers, Guillaume Bodinier, Lepneveu à qui l'on doit en particulier le plafond de l'Opéra de Paris (depuis recouvert par celui de Chagall), ou encore Turpin de Crissé qui fut protégé par la reine Hortense et l'entourage de l'impératrice Joséphine avant d'avoir des fonctions officielles sous la Restauration. Derrière le courtisan, le grand fonctionnaire d'Etat, on découvre un dessinateur d'une grande sûreté de trait, maîtrisant son art sans audace, mais avec une grande acuité de vision. Tous ces artistes collectionnent volontiers, et leurs dons participent grandement à l'enrichissement du musée.

André Maire fut peintre, mais aussi décorateur. Ses nombreux voyages (Indochine, Italie, Espagne, Egypte, Indes, Afrique, Madagascar, Martinique) nourrissent son œuvre.
Prédomine dans ce vaste carnet de route, que l'on découvre au musée d'Art moderne de Troyes (3), son regard sur le site d'Angkor qu'il découvrait dix ans avant André Malraux. Il y mena une réflexion sur le sens de la vie et l'énigme de la mort, et toute son œuvre est contenue dans cette gravité que souligne l'usage constant du sépia qui rappelle celui des photographies du début du siècle.
On le considère parfois comme un « peintre colonial », ce qui le différencie sensiblement des orientalistes, son travail étant conduit à une époque où le concept d'Empire français était un phénomène culturel admis. Si elle est « datée », l'œuvre d'André Marie n'en est pas moins un parfait exemple du regard porté sur l'exotisme dans l'entre-deux-guerres lorsque le but final était le caractère décoratif que l'on pouvait en tirer.

Sans vouloir se substituer à la peinture encore solide sur ses assises durant les Années folles, la photographie évoluait dans son propre territoire et cohabitait pacifiquement avec les autres formes d'expression, après avoir acquis, pour son compte, le statut d'art majeur.
Le Musée de Grenoble (4) propose un choix des représentants de cette Nouvelle Vision.
Chacun d'entre eux aborde un sujet de prédilection : Emmanuel Bouchez, la nature morte, ainsi que Florence Henri, celle-ci proche des artisans du constructivisme de Fernand Léger ou encore Lazlo Moholy-Nagy, éminent représentant du Bauhaus. Avec Germaine Krull, on reste dans le monde de Léger, celui de la modernité et des traces de la technologie triomphante. Le corps est traité avec une vigueur nouvelle par François Kollar, et Pierre Boucher tend vers un naturalisme sain et dru.
L'exposition est l'occasion de faire le point sur un aspect de l'histoire de la photographie qui a acquis progressivement une grande audience auprès du public.

(1) « Desseins d'artistes, les plus beaux dessins du musée d'Angers », par Patrick le Nouëne et André Cariou, Editions Somogy.
(2) « Des Dieux et des Mommes ». Musée Malraux, Le Havre. Jusqu'au 23 avril.
(3) « Les voyages d'André Maire ». Musée d'Art moderne de Troyes. Jusqu'au 8 avril.
(4) « Figures parfaites ». Photographes des années 1925-1945. Musée de Grenoble. jusqu'au 1er avril.

LEVEQUE Jean-Jacques

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6868