En Allemagne, « trop de méthodes d'évaluation imparfaites »

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Publié le 07/07/2016
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Beaucoup plus répandue outre-Rhin qu’en France, la maladie de Lyme est aussi mieux connue des médecins comme du grand public.

Selon les statistiques épidémiologiques allemandes, entre 60 000 et 100 000 personnes par an seraient infectées chaque année par la borréliose de Lyme, soit deux à quatre fois plus que les chiffres enregistrés en France. La maladie fait l’objet de nombreuses mesures de prévention. Dans les forêts allemandes et autrichiennes, des panneaux rappellent aux promeneurs les dangers des tiques, et les médecins comme les pharmaciens font de la prévention auprès du public.

En 2008, l’Allemagne s’est dotée d’un centre de référence national sur la maladie de Lyme, installé au sein du ministère régional de la santé de Bavière, à Erlangen. Il contribue à la formation continue des médecins et des biologistes, avec des séminaires et des conférences, mais effectue aussi des examens diagnostiques à leur demande, ainsi que des recherches médicales, biologiques et épidémiologiques. Son directeur, le Dr Volker Fingerle, estime que, malgré tous ces travaux, le besoin d’information et de formation reste élevé en Allemagne.

« Trop de méthodes d’évaluation imparfaites »

Les traitements font l’objet de protocoles officiels, supervisés par l’Institut Robert Koch, le centre national de prévention des maladies infectieuses, avec notamment une antibiothérapie qui ne doit pas excéder deux à trois semaines. Certains comme en France préconisent des traitements antibiotiques beaucoup plus longs, mais cette position est contestée par les principaux organismes scientifiques et médicaux.

Par ailleurs, dans certaines régions, les patients ont le choix de se faire soigner soit par un médecin officiel, soit par un naturopathe exerçant légalement des thérapies alternatives et complémentaires. En 2013 toutefois, la borréliose de Lyme est devenue, en Bavière et dans les six Länder de l’ancienne RDA, une maladie à déclaration obligatoire, ce qui a pour conséquence indirecte que les soignants non médecins, dont les naturopathes, n’ont plus le droit de traiter eux-mêmes cette maladie, et doivent transmettre leur patient à un médecin s’ils la découvrent chez lui. Le Dr Fingerle déplore le manque de rigueur et de sérieux de certains praticiens, médecins ou non. De plus, selon lui, « trop d’analyses sérologiques insuffisantes et trop de méthodes d’évaluation imparfaites, dont des tests de transformation des lymphocytes et des tests urinaires antigènes, ont amené ces dernières années à associer à la borréliose de Lyme de nombreux symptômes mal définis, comme la fatigue chronique ou la fibromyalgie ».

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du médecin: 9511